On aime Nous Non Plus

Musique / Six originaux en provenance de New York viennent envahir le Festival Lyon in Rock. Un dico bilingue sous le bras, ils entendent donner des leçons de pop en français et de révolution dansante aux enfants de Lafayette. Stéphane Duchêne

Fatiguée de la dictature des quotas et élevée dans le trop plein de «nouvelle chanson française», la plupart des jeunes groupes rock hexagonaux actuels a choisi d’assumer de chanter en Anglais. Manière, mondialisation oblige, de multiplier leurs chances de briller à l’étranger et/ou de masquer peut-être un manque d’inspiration, comme le persiflait récemment Alister dans nos colonnes. Manière surtout de se rendre à l’évidence : l’anglais est la langue du rock' n’roll, c’est comme ça y a pas à tortiller et that’s all right mama. Il est donc d’autant plus saugrenu de voir une poignée de jeunes New-yorkais baptisée Nous Non Plus venir prêcher le jacquestoubonisme sous nos fenêtres, affirmant haut et fort que la langue du rock'n’roll c’est le français, monsieur ! Au passage on ne sera pas étonné de constater que le programmateur du festival Lyon in Rock, à l’initiative de cette invitation, est le chanteur de Déjà Vu, l’un des rares groupes lyonnais et même français, à pratiquer un rock plus british que la marmelade dans un français d’école. Fille Atomique
La démarche de Nous Non plus, elle, se trouve à mi-chemin entre l’esprit révolutionnaire Sans-Culottes (l’ancien nom du groupe, d’ailleurs), et la blague potache fomentée en cours de français autour de sobriquets funny franchouilles (Cal D’Hommage, Céline Dijon…). Nous Non Plus appartient à cette école de groupes pasticheurs ayant pris le parti de rire de leurs obsessions - ici Gainsbourg, Dutronc, Hardy, Ferrer (Nino, pas Séverine) ou encore… les Kinks. Mais tout autant à une école de pop anglo-saxonne connue pour sa francophilie et sa versatilité musicale, qu’il s’agisse des classieux Franco-américains Ivy, ou du grand n’importe quoi québécois de Malajube ou The Unicorns, recommandable formation montréalaise aujourd’hui trépassée à laquelle les New-yorkais rendent les honneurs d’une reprise. Autant de références pointues et branchées qui expliquent, au-delà de la blague Harrap’s, le succès «so chic» de Nous Non Plus. En témoigne la présence sur la bande-son pipelette de la série Gossip Girl de leur très raccord Fille Atomique, tremplin transatlantique rêvé pour la notoriété du groupe. Quant à la devise de ces cigales yankees («Vive l’Indépendance ! À bas la Tyrannie ! Et maintenant il faut danser !»), elle figure un parfait programme de crise post-Bush revisité par Lafontaine, une pointe de mauvais esprit au bout de la plume. Stéphane DuchêneNous non plus + The small ties
Au Passage (Festival Lyon in Rock), samedi 7 février
«Ménagerie» (Aeronaut Records)

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