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Entretien - Classique / Le Festival d’Ambronay fête dignement ses trente ans. De cet âge-là, on dit à peu près tout : âge mûr, âge de tous les possibles… Pour Alain Brunet, le directeur historique de ce beau rendez-vous musical, c’est tout simplement trente années de belle réussite. Rencontre avec un homme humble au service des grands. Propos recueillis par Pascale Clavel

Petit Bulletin : Les moments qui précèdent l’ouverture du 30e festival sont-ils particulièrement denses ?
Alain Brunet : La pression monte tout doucement, tous les jours. On sait qu’on approche du but et au bout de trente ans, c’est encore un moment agréable et angoissant. Tout se fait dans l’urgence, les dernières décisions doivent se prendre, c’est une sorte de course frénétique. Cette année, je suis malgré tout assez confiant parce qu’à l’occasion de ce 30e anniversaire, le public a répondu présent. Nous avons une belle affiche, le programme est très ouvert et j’en suis satisfait. J’ai mis toute mon énergie pour que ce festival soit réussi. Comment s’est fabriquée la programmation entre les anciens, les nouveaux et les atypiques ?
Cette programmation est un peu particulière. J’ai d’abord souhaité réunir les amis d’Ambronay, ceux qui nous ont accompagnés depuis vingt, trente ans : Christie, Kuijken, Savall, Rousset : des gens qui se sont investis dans l’académie baroque européenne, qui ont pris des risques avec nous. Les stars sont donc là, mais notre volonté d’ouvrir sur les jeunes chefs et des jeunes interprètes a toujours été vive. Depuis 1987, nous avons lancé des concerts jeunes solistes et depuis 1993 l’académie baroque européenne fonctionne à merveille. En ce qui concerne la programmation, j’ai longtemps été seul, aujourd’hui nous travaillons en équipe avec Isabelle Battioni, directrice adjointe, musicologue, musicienne et selon la thématique nous travaillons avec une personnalité du monde musical. La saison dernière, sur les femmes musiciennes, nous avons travaillé avec Catherine Cessac, directrice de recherche au CNRS, spécialiste de la musique française des XVIIe et XVIIIe siècles. Je suis toujours à la recherche de nouveauté dans les programmes, nouveauté aussi chez les jeunes qui émergent. Vous confrontez de plus en plus la musique baroque à d’autres esthétiques. Cette saison, vous allez même jusqu’à une soirée insolite «baroque et électro». Jusqu’où l’ouverture reste-t-elle cohérente ?
L’ouverture, c’est une volonté de ma part mais également de beaucoup d’artistes. Bons nombres d’expérimentations se font déjà et certains croisements de mouvements artistiques sont très réussis : musique baroque liée au jazz, aux musiques traditionnelles, aux musiques du monde… On constate aujourd’hui que beaucoup d’artistes ont envie de sortir de leur propre champ pour aller se nourrir d’autres courants artistiques plus ou moins éloignés de leur propre univers. Depuis cinq ans, le chapiteau nous permet de donner la parole à ce genre d’expérimentation. Les musiques traditionnelles comme les musiques du monde sont aussi des musiques anciennes et Ambronay se veut être un festival de toutes les musiques anciennes, savantes ou non.

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