Retour vers le futur

Hip-hop / Au-delà de nos espérances, Anti-Pop Consortium revient bousculer le hip-hop après sept ans d’absence. Un retour en forme de claque, assénée par le magistral Fluorescent Black. On tend l’autre joue. Stéphanie Lopez

Il fut un temps, au tournant du troisième millénaire, où Anti-Pop Consortium nous causait si bien du futur qu’on n’imaginait pas un futur sans Anti-Pop. Remettons le compteur de la Delorean à la fin des années 90, en cette période où la scène hip-hop est sévèrement plombée par les postures gangstas et les discours moralistes. Là, dans les souterrains du slam et en contrepoint des pointures new-yorkaises, M. Sayyid, Beans, High Priest et leur producteur Earl Blaize émergent avec un leitmotiv : «bouleverser l’équilibre». Leur premier titre, Desorientation, en dit déjà long sur leur capacité à faire sauter le hip-hop hors de ses gonds, à le propulser vers un futur aux airs de révolution. Soubresauts arythmiques, déviances digitales, surprises électroniques… Quand en 2002 sort l’iconoclaste Arrhythmia, petit chef-d’œuvre de dissections rythmiques et d’avant-garde surpersonique, il n’en faut pas plus pour faire d’Anti-Pop un groupe culte, adulé par tous ceux que les poses B-Boy et bling-bling irritent. Hélas, cette même année 2002 le futur d’APC semble soudain compromis : après avoir tourné avec Dj Shadow, le Consortium splitte au sommet de son art, bouffé par ses conflits d’egos. Six années passent, les membres se dispersent en albums solo (Beans) ou en duo (High Priest et M. Sayyid pour le projet Airborn Audio).NOSTALGIQUES DE L’AVANT-GARDE
Avançons le compteur de la Delorean à la fin des années 00 : en cette période où la scène hip-hop semble empêtrée dans la vulgarité fluo (Dizzee Rascal, Amanda Blank), Anti-Pop Consortium se reforme et nous revient contre toute attente au meilleur de sa forme. Eux qui avaient promis un disque «what the fuck ?» en annonçant la sortie de Fluorescent Black pour l’automne, on peut dire qu’ils mettent les points sur les i et le marteau sur les clous avec ce quatrième album : il n’y aura désormais plus de futur sans Consortium. Pourtant moins fluorescent que flamboyant, ce disque fleuve (17 titres) s’impose comme la suite impensable d’Arrhythmia, comme si Anti-Pop, en bon nostalgique de l’avant-garde, voulait remettre une longueur d’avance sur la table. Avec un leitmotiv : chambouler le hip-hop d’aujourd’hui. Entre bidouilles abstract et vrilles funky, Fluorescent Black conserve une profondeur inimitable, une capacité unique à faire tourner des boucles frappa-dingues sur des morceaux somme toute assez simples. High Priest se surpasse aux manettes, et les deux MC’s, qui semblent avoir mangé du dragon, confortent l’idée qu’Anti-Pop va boucler la décennie comme il l’avait commencée : en bon artisan de la révolution.ANTI-POP CONSORTIUM
À l’Épicerie Moderne, mardi 10 novembre.

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