Bonjour tristesse

Moins tempétueux qu'à leurs débuts, les Tindersticks livrent désormais des albums plus apaisés. Mais toujours empreints d'une mélancolie qui reste leur marque de fabrique. Stéphane Duchêne

Musique / En 2010, la musique des Tindersticks ressemble à celle d'un ancien alcoolique autodestructeur qui aurait découvert les joies de la sobriété. Les joies aussi du soleil matinal, trop souvent écarté par les réveils tardifs de gueules de bois. Car longtemps les Tindersticks auront été ce groupe pour lequel le crépuscule aura fait office d'aurore. En poursuivant dans cette voie, le groupe de Nottingham, sextet aujourd'hui viré trio, auraient pu assez aisément sombrer dans la caricature. Au lieu de cela, il a su trouver une forme d'apaisement qui n'a pour autant jamais tari sa source d'inspiration, comme en témoignent leurs deux derniers albums "The Hungry Saw" et "Falling Down a Moutain". Ce dernier a été enregistré dans le Limousin où vit désormais le chanteur Stuart Staples, or on sait que les Angliches installés en France on tendance à revivre. Là le xylophone, le carillon et le piano ont succédé aux violons furibards et ivres des premières saillies. Pour autant, cette musique a toujours la mélancolie chevillée au corps. Mais une mélancolie «heureuse», qui a appris à s'autogérer et qui ne déborde plus comme avant, emportant tout sur son passage. Plaisirs simples
C'est qu'en 1997, avec l'album "Curtains", tout en velours sombre et en dépression maltée, les Tindersticks étaient en quelque sorte arrivés au bout de la route, au bout de leur style. Et comme le style c'est l'homme, au bout d'eux-mêmes. Rideau, donc, comme pour refermer un chapitre de l'existence du groupe. Pas un hasard si deux ans plus tard, Stuart Staples chantait en ouverture du bien nommé "Simple Pleasure" : «Can we start again ?». Pour le groupe, était venu le temps de la remise en question à quitte ou double, sur un album débarrassé des pesanteurs passées, quasiment moitié plus court que les précédents, qui, sans être le meilleur, leur a ouvert une nouvelle voie, vers plus de simplicité, plus de légèreté dans la mise à nue des émotions. Un changement qui aura permis à l'un des groupes les plus émouvants de ces vingt dernières années, de ne pas disparaître. Et peut-être aussi de redescendre de temps à autres, comme une récréation, dans les abîmes : on songe à la splendide BO du film de vampires de Claire Denis, "Trouble Every Day" (pour eux, une devise) et à son morceau titre à faire frissonner un croque-mort. Pour autant, quand, en concert, retentissent les premières notes, les premiers étirements de larmes des violons, de quelque morceau de "Curtains" ou de leurs deux premiers albums, quand les Tindersticks ne détestaient pas se livrer aux «joies» tordues de l'atonalité, le charme triste opère toujours. Tindersticks
À l'Epicerie Moderne, vendredi 5 novembre.

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