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Courchevel, mon amour

Musique / Après "Rio Baril", Florent Marchet fait son retour avec le magnifique "Courchevel", où il réussit une fois de plus le mariage de la pop et de la chronique sociale.

Il y a un an, Arnaud Fleurent-Didier avait frappé un grand coup (critique en tout cas) dans le paysage musical français avec l'impressionnant La Reproduction. Un pur disque d'outsider redonnant à la chanson française ses lettres de noblesse pop, à coups de questionnements existentiels aux mots ciselés et aux arrangements généreux. Florent Marchet appartient à la même catégorie.

Son Courchevel, sorti cet automne, n'est pas son coup d'essai, loin de là (en 2007, son western social Rio Baril avait déjà impressionné). Il n'en est pas moins un coup de maître de la part du Berrichon, loin de se reposer sur ses lauriers ou, comme sur la pochette du disque, sur sa peau de bête. Comme Arnaud Fleurent-Didier, Florent Marchet est l'un de ces grands garçons aux airs un peu désuets qui observent leur monde avec l'air de ne pas y toucher, mais un regard qui met à poil. C'est pour mieux en dresser un portrait cinglant et sans concession.

Quand Fleurent-Didier revisitait de fond en comble, du microscopique au macroscopique, l'héritage «français monsieur !», Marchet semble, lui, fouiller les entrailles d'une génération un peu floue, symptôme de la classe bourgeoise. Une génération plus toute jeune et pas encore vieille, ni même adulte, qui reluque ses vingt ans tout proches, tout en se voyant fondre sur la quarantaine ; qui a des préoccupations et des loisirs de jeunes et des problèmes de vieux. Des trentenaires qui, comme Florent Marchet, s'interrogent : "Qui suis-je ?", se débattant entre idéaux et soumission au principe de réalité. Entre précarité et ambition, amour et problèmes de couple, nostalgie et accidents de la vie.

Benjamin

Bref, le portrait d'une génération qui, comme le chanteur sur la pochette, se laisse pousser la moustache pour avoir l'air adulte où ressembler à un baby-boomer pré-retraité, mais continue de se perdre dans l'ivresse pour fuir les responsabilités. Comme sur l'épatant single extrait de l'album Benjamin, éternel adolescent qui n'en finit plus de fêter les vingt ans qu'il n'a plus.

Avec chevillée au corps, pendue aux lèvres, ce qui fait office de manuel de survie à toute une société : une ironie aussi apaisante que douloureuse, comme un pansement irritant, et cette écriture précise et décapante sur le délitement des choses et le renoncement, Marchet se situe quelque part au croisement entre Dominique A, le ténébreux Erik Arnaud et Alain Souchon.

En 2004, sur Tous pareils, son Foule sentimentale indé, il chantait, désabusé : «on a du mal à croire qu'on est champion du Monde». C'est dans ces moments là : quand toutes les illusions sont envolées et qu'on n'est même plus capable de descendre du bus, qu'on a besoin de gens comme Florent Marchet pour tendre un miroir sur nos faiblesses.

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