Grands Scarabées

Conférence / Pour la première d'une nouvelle série de conférences musicales à la Bibliothèque de la Part-Dieu, un ancien Marquis de Sade vient analyser l'œuvre des Beatles. Improbable ? Non, indispensable. Stéphane Duchêne

Comme le disait si bien John Lennon, «Before Elvis, there was nothing». On pourrait tout à fait dire la même chose des Beatles. Lesquels ont, en matière de musique moderne, pop, tout inventé. Ou au moins ouvert la porte pour que tout le soit. Si Elvis a été l'Ancien Testament du rock, les Beatles eux, en furent le Nouveau. Pas étonnant que Lennon, toujours lui, et toujours versé dans le mysticisme, ait déclaré, peut-être moins par provocation que comme une démonstration : «Nous sommes plus célèbres que le Christ», avant de tout mettre en œuvre pour lui ressembler physiquement et jusque dans une sortie tragique où il rencontra son propre Judas. Aujourd'hui encore, les Beatles sont une religion, dont on n'a pas fini de procéder à l'exégèse à coups de livres, de rééditions, de ventes de tickets de caisse d'épicerie ayant appartenu à la tante du jardinier de Ringo, de titres exhumés ressuscités ou momifiés et de conférences savantes. Ce qui nous amène à celle que propose la Bibliothèque de la Part-Dieu, intitulée «Les Beatles, Musique mythique» et animée par un certain Gilles Rettel. Son nom ne dira sans doute pas grand-chose à grand-monde, mais il fut en son temps, sous le pseudonyme d'Anzia, membre de Marquis de Sade. Non, pas l'écrivain libertin, mais le groupe de rock rennais qui fit les beaux jours sombres de la new-wave martiale française. «Verticales Musique»
Certes, le rapport avec les Beatles est tout à fait ténu, Marquis de Sade n'ayant jamais donné beaucoup d'indices musicaux d'une quelconque Beatlemania. Tout au plus pourrait-on rapprocher leur album "Dantzig Twist" de la période ou les Scarabées ululaient "Twist & Shout" au fond d'une cave à Hambourg, mais c'est un peu court. La vérité est que Gilles Rettel, qui fut également guitariste du groupe Marc Seberg, a un CV long comme le bras dans l'industrie de la musique et l'enseignement. Musicologue, il se livrera à une analyse en profondeur du phénomène Beatles et de la révolution musicale qu'il a engendré, ce qui devrait s'avérer passionnant. Cette conférence sera d'ailleurs la première d'une série labellisée «Verticales Musique». Comme son nom l'indique, il s'agira de «plongées verticales dans l'univers sonores de différents genres musicaux». Soit la musicologie appliquée à d'autres disciplines que la musique classique, son objet d'étude traditionnel. Alors que, dans les pays anglo-saxons, où ces matières-là sont nobles, on enseigne depuis longtemps l'histoire du rock ou la pop culture sous toutes ses formes (on pense au génial Greil Marcus à la New School), ce genre d'initiative est, en France, suffisamment rare pour être salué. Les Beatles, Musique Mythique
À la Bibliothèque de la Part-Dieu, mercredi 26 janvier.

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