Un Prophète

Tantôt qualifié de sauveur de l’électro, tantôt de messie grâce à qui l’Apocalypse aurait trouvé sa BO, Koudlam, plus modestement, n’en est pas moins l’auteur de coups de maîtres qu’on a hâte de danser… Les bras en l’air et l’oreille iodée. Stéphanie Lopez

Soyons honnêtes. Quand on écoute de l’électro depuis vingt ans, on ne trouve plus forcément chaque semaine son lot de découvertes galvanisantes avec double effet kick cool. Au risque de sombrer dans l’ennui, voire dans l’aigreur, il nous fallait donc trouver un sauveur. Vite. Un de ces gars sortis de nulle part, mais dont la première écoute suffit à réenchanter les beats blasés d’eux-mêmes, un de ces trouble-fêtes pour qui le mot «novateur» n’est pas qu’un simple épithète pour nostalgiques de l’avant-garde. Un artiste comme on les aime : secret, nomade, qui brouille les pistes et les fantasmes… Qui est Koudlam ? De son vrai nom Gwenael Navarro, la révélation du label Pan European bourlingue entre Paris et Mexico, tirant son pseudo tiré au couteau d’un cri de guerre : celui des Indiens du Dakota, dans les plaines américaines, où Koudlam a grandi un temps avant d’être adoubé néo-chamane de l’électro. Pourtant avant de devenir le héraut révélé par Jacques Audiard sur la BO d’Un Prophète, Koudlam est longtemps resté ce raver autodidacte et autoproduit : avec Nowhere, en 2006, il sort effectivement de nulle part et laisse sa techno-world illuminée, sonnant comme nulle autre, dans l’antre de rares initiés.

Time To Say Goodbye

La reconnaissance viendra plus tard, et contre toute attente, c’est par le biais de l’art contemporain que Koudlam trouve au Tate Modern ou au sommet d’une grue les meilleurs terrains pour performer en démiurge incongru. En collaborant avec le plasticien Cyprien Gaillard, qui qualifie sa musique d’ «électhropique» (pour tropicale, électro et entropique), il réalise alors plusieurs bandes son qui donnent à son œuvre l’envergure qu’elle mérite, au regard de sa passion pour les rites, les monuments et le mix des cultures. Un pas en avant, et Koudlam gravit une pyramide, en 2008, en livrant un live sur le site de Teotihuacán. Les Mayas du coin ayant annoncé la fin du monde pour 2012, ça tombe bien, car quand on écoute les violons anxiogènes de See You All ou la world dantesque d’Eagles Of Africa, on se dit que la prochaine étape ferait bien de répandre ses notes salvatrices du côté de Fukushima. Lorsqu’on a fait connaissance avec Koudlam, en 2009, son coup de maître s’intitulait Goodbye. Etait-ce déjà l’adieu ad hoc qu’il nous offrait pour danser une dernière fois, son mix rédempteur préfigurant la dérive du mox sur les cinq continents ? Bah… L’Apocalypse peut survenir, on ne lui en voudra pas : quand les trompettes du Jugement Dernier sonneront le glas, c’est le Goodbye de Koudlam qu’on emportera.

KOUDLAM
Au Transbordeur, vendredi 22 avril (Écho Sonore 97)

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

Mardi 1 septembre 2015 C'est désormais une tradition bien établie : avec la rentrée vient le Start Festival, qui donne le coup d'envoi de la saison régulière du Sucre sur une note à la fois docte et tapageuse. A vos marques...

Suivez la guide !

Clubbing, expos, cinéma, humour, théâtre, danse, littérature, fripes, famille… abonne toi pour recevoir une fois par semaine les conseils sorties de la rédac’ !

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X