Chanter Ramona

Les seules fois où l'on peut décemment être enthousiaste à l'idée, comme disait pépé, de «se faire chanter Ramona», c'est quand il s'agit de Ramona Cordova. Le fait que la Blogothèque ait un jour décrit l'Américain comme un «métis vagabond à la voix d'enfant» hurlant «comme trente-cinq gitans» - apparemment il s'agissait de compliments – en dit long sur la singularité du personnage – qui a emprunté son pseudonyme à sa grand-mère, en forme d'hommage – mais aussi de sa musique. La réalité est pourtant bien plus légère que cette description un peu martiale et le titre de son album sorti en 2006, The Boy who floated freely, en rend bien compte.

Cette musique-là, ce folk, si l'on peut l'appeler ainsi, flotte et s'autorise à peu près toutes les libertés revendiquées par son auteur. Étrange spécimen voyageant en solitaire, Cordova puise son inspiration tant dans un arbre généalogique enraciné aux quatre coins de la terre (Canaries, Haïti, Porto-Rico, Philippines), que partout où il passe et dans tout ce qu'il entend. Une sorte de troubadour comme on n'en fait plus beaucoup, capable de restituer toute cette matière engrangée, toutes ces influences et informations glanées, dans une musique qui ne ressemble à aucune autre. Comme ce fut le cas en leur temps pour la nonchalance naturaliste des premiers enregistrements de Devendra Banhart et les boîtes à musique du CocoRosie originel (soit avant que l'un et l'autre ne virent hipsters saugrenus).

Cordova, lui, parvient à garder cette pureté faite à la fois de sophistication et de simplicité enfantine – dans cette voix tout en androgynie notamment – qui donne des chansons dont les arrangements impeccables sur disque deviennent facultatif une fois le bonhomme seul en live.

Stéphane Duchêne

Ramona Cordova
Au Kraspek Myzik
Dimanche 23 septembre

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