Quelques Grame de finesse

La 7e édition des Journées GRAME prend de l’ampleur et montre par cette extension que la création contemporaine est mouvante, vivante et absolument de son temps. Pascale Clavel

Les mélomanes ont souvent un problème avec leur époque. Combien de fois entendons-nous la litanie «mes oreilles s’arrêtent à la fin du XIXe» ? À cette aune, l'existence de GRAME est une bénédiction ; que ses journées s’allongent, c’est encore plus louable. Et on ne peut qu’être admiratif de l’acharnement du directeur artistique James Giroudon ; il a su fabriquer, dans un paysage lyonnais où il ne faut pas trop secouer les habitudes musicales, un objet rare et précieux. Car les Journées dressent un état des lieux d’une musique exigeante qui bouscule les conventions. Temps fort de la création contemporaine, elles invitent à de nombreuses évasions : vers la Corée, au travers de rencontres entre arts sonores et visuels, mais aussi dans une excursion à travers danse et musique avec la chorégraphe Michèle Noiret, les classes de danse du CNSMD et la grande Anne Teresa de Keersmaeker. 26 compositeurs, 13 pays représentés, 10 créations : tout un programme qui bouscule les codes, se joue des frontières et mélange joyeusement les esthétiques les plus éloignées les unes des autres.

Parti pris…

… celui de pointer du doigt deux créations étonnantes au sein d’une programmation déjà très audacieuse. Wang Chung-Kun est un jeune artiste taïwanais dont le travail fascine par sa simple ingéniosité : il conçoit de petits objets sonores insolites qui réveillent l’enfance, des mécanismes d’où émergent des mélodies extravagantes et poétiques, tubes à essais qui se mettent en vie pour un Sound of Suitecase présenté au Lux de Valence. Pas tout à fait des instruments de musique, presque des installations, ses œuvres, d’une beauté rare, sont conçues pour être trimballées dans de petites valises et le contenant à lui seul est déjà un voyage. La deuxième création qui attire l’oreille autant que l’œil, Gran casa. Canto della mareria, est écrite par le compositeur italien Michelangelo Lupone. Professeur de composition musicale électronique, amoureux des nouvelles lutheries, il a imaginé le Feed-Drum, sorte de grosse caisse amplifiée qui permet à l’instrumentiste de s'aventurer dans des zones jusque là inexplorables : possibilité de feedback, sensibilité au geste et à la pression, la percussion d'origine en devient méconnaissable. Les 7e Journées Grame s’annoncent ainsi fidèles à elles-mêmes, autrement dit savoureuses pour tous les amoureux de leur temps.

Journées Grame
jusqu'au samedi 25 mai 2013

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