Le kid de Compton

Kendrick Lamar

Le Kao

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Le top dog du hip hop ricain contemporain, le voici : Kendrick Lamar, 25 ans, bon chrétien, gentille bobine de neveu caché de Michael Jackson. C'est notre avis. Et l'avis de The Source, mensuel de référence des musiques dites urbaines, qui l'a sacré rappeur de l'année 2012. C'est également celui de Snoop Dogg, le nonchalant fumeur à la chaîne de Long Beach – quatre-vingt un joints par jour selon ses dires - voyant en lui «le nouveau roi de la Côte Ouest», ou encore du superproducteur Pharell Williams, qui entre deux piges derrière la console pour la sœur de Beyoncé l'a carrément comparé à «un Bob Dylan noir» dont la musique va «changer la face du hip hop». Et cela fait trois ans que s'accumulent à ses pieds chaussés de Air Jordan toujours flambant neuves de tels témoignages d'admiration ; depuis, en fait, qu'il a décidé de troquer le blase de ses débuts – K-Dot, imaginé pour la sortie de sa première mixtape à l'âge de seize ans - pour son nom propre et entrepris de solder l'héritage des parrains du gangsta rap plutôt que de continuer à le piller comme le fait une encore trop grande partie de ses pairs. Pas une mince affaire, le gamin ayant grandi au cœur de la mère-patrie du genre : Compton, réservoir à gangs et à miséreux sis au sud de Los Angeles, d'où se sont extirpés à la force du micro les Niggaz Wit Attitudes. En interview, Lamar attribue tout le mérite de cette mue à son père, fan de Tupac dont la constante attention lui a évité de devoir choisir entre les bombers bleu marine des Crips et les maillots rouges des Bloods. Une explication un peu courte au regard de l'incroyable tour de force que constitue Good Kid, M.A.D.D City, son deuxième album, paru en novembre frappé du logo d'Aftermath, label fondé et dirigé, douce ironie, par l'un des parrains sus-mentionnés, à savoir le bon Dr. Dre. Non, les vraies raisons qui ont amené ce dernier et des producteurs et MCs du calibre de Just Blaze ou de Drake à contribuer à l'atmosphère unique de cet enregistrement – cool et mélancolique comme une block party donnée un lendemain de fusillade - sont à chercher ailleurs chez Kendrick Lamar. Dans la malléabilité de ses cordes vocales par exemple, audible sur le morceau Backseat Freestyle où, tour à tour guttural et nigaud, il ferait pour un peu passer le phénoménal beatboxer-imitateur Eklips pour Nicolas Canteloup. Mais surtout dans l'authenticité de ses propos, aussi ludique et imagée soit leur écriture. Car Kendrick Lamar ni ne pose ni ne fabule, il fanfaronne à dose homéopathique et se livre sans compter. Qualifié en sous-titre de court-métrage, emballé dans des polaroids privés et entrecoupés d'interludes qui ne sont rien d'autres que des captations de scènes de vie, son disque cause coucheries adolescentes, hostilité ambiante, beuveries mystificatrices, épiphanies musicales, prises de responsabilité familiales... Et c'est à chaque fois assez grandiose et poignant pour que My Beautiful Dark Twisted Fantasy, le chef-d'œuvre absolu de Kanye West, s'en trouve affadi.

Benjamin Mialot

Kendrick Lamar
au Kao, lundi 28 janvier

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