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Quand on arrive en livre !

She-ra dans la colle

Crystal Castles

Transbordeur

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Quand on s'appelle Ethan Kath – presque le nom d'une plante aux orthographes fluctuantes bien connue en Asie pour ses propriétés amphétaminées – et Alice Glass – une fille destinée à traverser les miroirs et à peu près tout ce qui est en verre – on est voué à ne rien faire comme les autres. Bienvenue chez Crystal Castles. Stéphane Duchêne

Crystal Castles est considéré comme l'un des groupes les moins gérables qui soient. Avec à sa tête une sorte de Trent Reznor version mitard et une Rachelle McAdams goth matinée de Béatrice qui a la Dalle et plus de 37, 2° le matin, ce n'est guère étonnant. Dès le départ, le duo a eu un accident : son premier single, Alice Practice, n'est rien d'autre qu'un essai de micro qui a fuité pour se répandre comme une traînée de poudre (on vous laisse deviner quel genre de poudre, tant le truc est infâme).

À l'écoute, on pense à du Nine Inch Nails 8-bits (mais 8-bits c'est déjà beaucoup) déglacé par une voix féminine tantôt fantomatique, tantôt totalement hystérique, au sens jungien du terme, et ivre de violence. Ce qui, reconnaissons-le, donne un drôle de machin et donc à peu près n'importe quoi, entre partie de jeu vidéo, initiation au tantra yoga, générique de dessin animé (ils tiennent leur nom de She-ra – prononcer "chiera", figurez vous qu'on n'a pas inventé la phonétique – la Princesse du Pouvoir, spin-off des Maîtres de l'Univers), et séances d'exorcisme à domicile. Et un mal de crâne digne des meilleurs championnats de sniffage de colle.

I, II, III

Surtout qu'en concert, notamment en première partie de... Nine Inch Nails, Trent Reznor les ayant très tôt pris sous son aile de cormoran mazouté, le duo balance la purée sans retenue. Le fait est que ça fonctionne car d'albums en albums, de provocations en plaintes (bilatérales) pour plagiat, le duo progresse, affine ses ambiances, rentre sa violence, la dompte, devient capable de rivaliser avec Blonde Redhead ou The Knife mais aussi de sonner comme les Modern Talking chantés par Sandra et produits par Reznor, toujours lui (Sad Eyes, sur III, leur dernier album, car oui, les Crystal Castles numérotent leurs albums comme jadis Led Zep).

Reste que la curiosité induite par cette musique – et des morceaux comme le magnifique duo Not in Love avec Robert Smith de The Cure sur II –, invite à vouloir s'y perdre comme on se perdrait dans les couloirs d'un asile psychiatrique un soir d'orage, attentif au moindre cri, au moindre plateau métallique qui roule au sol, à la moindre ambiance de messe noire improvisée. A la recherche de ce type de génie qu'on trouve parfois chez les fous, uniquement dans la lumière brève et aveuglante d'un éclair.

Crystal Castles
Au Transbordeur, vendredi 14 juin

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