Un homme, un vrai

Albin de la Simone

Salle Molière

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Héraut très discret d'une chanson française gracile dont il nourrit aussi abondamment ses pairs, Albin de la Simone, de passage à la Salle Molière, revient avec un quatrième album où il s'affirme tel qu'il est : "Un Homme". A part entière, mais à part avant tout. Stéphane Duchêne.

Quand on a choisi de s'appeler Albin de la Simone, ce n'est pas pour faire profession de foi d'une virilité tapageuse ou jouer à qui a la plus grosse. Mais ça n'en fait pas moins de vous un homme. Un homme qui ne laisse pas tant s'exprimer sa part de féminité que sa fragilité – d'où vient qu'une femme serait fragile et pas un homme ? Chez de la Simone, cette fragilité est largement contenue dans ce timbre gracile partagé par ses collègues et amis JP Nataf et Mathieu Boogaerts.

C'est toute sa dialectique que de chercher à sonder les sentiments profonds et les atermoiements d'un homme du XXIe siècle qui ne serait pas si différent de certains de ses pairs du XIXe. L'humour, toujours un peu rentré, et la bizarrerie assumée en plus. En cela, on connaissait déjà Albin comme l'auteur de quelques-unes des plus belles, décalées et fines chansons d'amour de ces dernières années (le baroque Elle aime, en duo avec Feist, ou Adrienne.

Fantôme à particule

Mais voilà qu'arrive Un homme, donc, rendu aux plaies de la responsabilité subie et de l'engagement contraint. Un homme qui, du coup, se demande à juste titre s'il a «les épaules» pour supporter le quotidien et son futur. Parce qu'il est un homme ? Ce serait trop facile : «Cet enfant qui pleure qui mange / Kilo de lait / Kilo de langes / Et tout cet amour en échange / J'espère / c'est peu de le dire / J'espère / Que tout ça va tenir, sur mes épaules (...) / Pas bien carrées, mes épaules (...) / Pas bien gaulées / Pas baraquées / Pas balèzes». Les épaules aussi pour soutenir ce double musicien habitué à l'ombre : «Le poids de mon ridicule / De ce fantôme à particule / Qui avance quand je recule».

Entre grandes inquiétudes, petits égoïsmes moqués (Moi, moi, avec l'Islandaise Emiliana Torrini) et faiblesses pathétiques voire drolatiques (le très beau et faussement cynique Tu vas rire, "éloge" de la double-vie), se dessine un homme en crise, cyclique, qui, plus Kitchin que Kondratieff, calque ses fluctuations intimes sur celle de l'économie mais s'en accommode (Ma crise). Et qui s'étonne toujours, après toutes ces années, comme sur le morceau éponyme clôturant l'album, qu'en dépit de ses défauts, de ses travers, de sa condition, de sa solitude intérieure, il puisse, luxe ultime, compter et avoir compté  : «Je suis un homme et tu m'aimais».

 

Albin de la Simone
A la salle Molière, mercredi 17 avril

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