Hauts Sees

Thee Oh Sees + Regal

Marché Gare

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Hyperactif, sous la férule du grand timonier John Dwyer, Thee Oh Sees revient en concert avec un nouvel album, le quatrième en deux ans, qui surprend positivement sans dérouter. On pourrait fatiguer mais on en redemande. Stéphane Duchêne

John Dwyer, le leader de Thee Oh Sees, est un homme aussi pressé que la musique de son groupe le laisse entendre, comme si ce San Franciscain avait toujours un cable-car à attraper. A moins qu’il ne fasse sien, eu égard au sceau vintage de son garage psyché, l’adage soixante-huitard : «Cours camarade, le vieux monde est derrière toi». Cherchant à toujours garder le pas d’avance nécessaire, la distance de sécurité, comme on dit sur les autoroutes, pour ne pas se laisser happer malgré tout par la tentation du passéisme.

Ou du moins éviter l’accusation de faire du neuf avec du vieux, risque inhérent à la pratique du garage depuis l’exhumation grand public des compilations Nuggets. Alors Dwyer court et produit, à un rythme effréné qu’il devient très compliqué de suivre, surtout si l’on ajoute sa tendance à la double vie et aux projets parallèles (on a arrêté de compter). Le dernier album de Thee Oh Sees est donc en définitive toujours un peu le prochain. Et l’on est rarement déçu, sinon de ne pas l’être, déçu.

Cercueil flottant

Car il y a un niveau de contrôle-qualité sous lequel Thee Oh Sees ne passe pas, la différence se faisant le plus souvent dans la manière dont Dwyer produit ses disques. Dans la manière aussi qu’il a de les organiser avec plus ou moins de cohérence. A la croisée du garage, du punk, du stoner (pour donner un peu de pesanteur à l’ensemble) et du psychédélisme, Dwyer s’en donne encore à cœur joie sur Floating Coffin, mais avec semble-t-il, cette fois, une idée force.

Un titre d’abord, «Cercueil flottant» en Français, qui traduit une certaine noirceur que l’énergie positive fournie par le groupe ne permet guère d’appréhender, au premier abord, autrement que dans les thèmes de ses chansons. Puis en se laissant contaminer, au fil d’un album qui glisse vers les bas-fonds, par des titres comme les fantomatiques No Spell – comme du Raveonettes sous cocaïne – et Strawberries 1+2, ce flippant Night Crawler à la basse rampante ou le sublime Minotaur, bercé et désorienté à dessein par le bourdonnement d’un violoncelle. En contraste total avec l’entrée en matière cornes en avant qu’est I Come From the Mountain, ce Minotaur nous sort magnifiquement et malgré nous d’un nouveau labyrinthe Dwyerien. En attendant le prochain...

Thee Oh Sees
Au Marché Gare, vendredi 24 mai

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