Hong Kong, Mississippi

Don Cavalli + Bikini Guns

Marché Gare

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«Capricieux, fantasque, lunatique, colérique». Voici quelques traductions possibles de Temperamental, qui sert de titre au dernier album en date de Don Cavalli et au premier titre de cet album. «My baby's temperamental (...) This world's temperamental» y chante -t-il sur un tempo qui semble ressusciter parfois le Tombstone Blues de Dylan à coups de pédales wah wah.

 

Mais c'est tout Temperamental qui est "temperamental". Qui ne tient pas en place. Don Cavalli y multiplie les humeurs et les atmosphères comme un transformiste. La base, les racines (roots), sont bien là, mais ces racines, le Parisien les tord dans tous les sens pour en tirer du jus de contrebande. Les décore de sitar, de rythmes psychédéliques ou de guimbarde chinoise.

 

Sorti du milieu rock underground, Don Cavalli n'a aucun des tabous propres aux puristes, même repentis : il a dans l'idée de faire un duo bilingue avec une chanteuse chinoise, il le fait, et ça donne l'étonnant The Greatest, qui replie l'une sur l'autre deux traditions musicales qui ont tant à se dire. Ici c'est à la fois Hong Kong, Mississippi, comme le chantait Bo Diddley, et l'arrière cour d'un "chinois" du 13e arrondissement de Paris.

 

Plus brouilleur de pistes que poisson-pilote factice des pionniers des musiques noires, Cavalli s'amuse aussi comme un petit fou avec une boîte à rythmes, triture le blues jusqu'à le faire hip hop (l'ahurissant rap à sitar Feel Not Welcome), funk, soul. Se risque au reggae (Row My Boat) avec autant d'enthousiasme qu'il joue à l'occasion les Roy Orbison ravagés au bourbon, au tabac froid et aux amphet', grinçant magnifiquement sur un rythme de noces «Solitude, I’m married to my solitude» («La solitude, je suis marié à la solitude»).

 

Ici, il faut parler de la voix terriblement insaisissable de Don Cavalli, qui toutes afféteries mises à part, reste l'instrument qui entraîne tous les autres. Une voix indatable au carbone 14, un débit et un flow capables de se couler dans tous les moules, taillés autant pour le faste de studios que le dépouillement du live, les complaintes solitaires que les ping-pong amoureux (Say Little Girl, murder balad létale en duo avec Rosemary Standley).

 

Temperamental est de ces albums d'outsiders totalement décomplexés qui, tout en sachant d'où ils viennent, se moquent comme d'une guigne de savoir où ils vont. Du moment qu'ils y vont en rythme, de préférence déchaîné et changeant.

 


 

Stéphane Duchêne
Don Cavalli - Temperamental (A Rag/Because)

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