Le roi prêcheur

Wovenhand + guest

Épicerie Moderne

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Auteur d'un septième album qui fait résonner le tonnerre dans un fracas blues-punk-rock à haute teneur spirituelle, l'intense David Eugene Edwards et son groupe Wovenhand viennent donner la messe (possiblement noire par moments) à l’Épicerie Moderne. Communion obligatoire. Stéphane Duchêne

On pourrait penser qu'avec l'âge, l'intensité et la ferveur ont tendance sinon à s'éteindre, du moins à s'affaiblir. Pour valider cette hypothèse, mieux vaut alors regarder dans une autre direction que celle de David Eugene Edwards, son groupe Wovenhand et son dernier album Refractory Obdurate.

Banjoïste de génie, expert en musiques traditionnelles old time autant qu'en punk gothique, ce fils de pasteur nazaréen ne s'est jamais départi d'un certain mysticisme, qui hante ces chansons depuis toujours. Parfait exutoire des tiraillements intérieurs inhérents à la foi, à la culpabilité et à la quête de rédemption, sa musique figure aussi une sorte de matière noire de la country officielle.

Sur Refractory Obdurate, les textes sont toujours aussi habités, toujours aussi teintés d'images bibliques, de petites apocalypses et, à vrai dire, toujours aussi sibyllins, sujets à l'exégèse de qui voudra bien s'y coller.


Salome


Car Edwards ne chante pas, il loue, il psalmodie voire maudit. Il est, en éternel chamane blues, comme traversé de mots et d'histoires qui lui seraient dictées aussi bien du Ciel que de la terre sacrée des natifs, et auxquelles il s'abandonne. Sa musique est comme un sort, bon ou mauvais, qui vous emporte et fait de vous son dévot – à l'image du terrible Salome, énième réécriture du mythe de la troublante fille d'Hérode, dont les danses coûtèrent sa tête à Saint-Jean-Le-Baptiste – et ce nouvel album un nouveau petit chef-d'oeuvre. Du moins du point de vue des indécrottables disciples du maître du Colorado, beaucoup ayant tracé la route à la dissolution de sa précédente église, 16 Horsepower.

Ce n'est donc pas un chef-d'oeuvre qui s'offre facilement – y en a-t-il beaucoup ? Davantage mélodique que certains de ses prédécesseurs – dans son ouverture surtout – il est aussi infiniment plus abrasif, plus dense aussi, à mesure que l'on y progresse. Wovenhand y résonne comme du Joy Division se livrant à un duel dans le désert avec le Gun Club. Deux racines musicales vers lesquelles Edwards semblent de plus en plus se tourner, en quête d'une radicalité sonore susceptible de nourrir l'intensité de ses textes, voire de la contenir, au sens premier du terme, en une sorte d'étouffement permanent. Et pour ce qui est de l'intensité, sur scène, vous pouvez compter sur Edwards pour se dépouiller l'âme avec autant d'énergie frictionnelle qu'un exorcisé en pleine séance de lutte intérieure.
 

Wovenhand
A l'Epicerie Moderne, vendredi 30 mai

Refractory obdurate (Glitterhouse/Differ-ant)

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