Shackleton, l'aventurier des basses perdues

Macadam Mambo Résidence

Le Sucre

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Dans la grande famille de la bass music, on voudrait le fils qui a foutu le camp et s'en est mieux sorti que tout le monde. Bonne pioche cette semaine au Sucre avec la venue de Sam Shackleton, Grand Manitou du dubstep qui voit plus loin que le bout de son drop. Beaucoup plus loin. Benjamin Mialot

Sam Shackleton n'a sans doute aucun lien de parenté avec l'explorateur Ernest Shackleton. Mais son goût de l'aventure est à la mesure de celui qui permit à son compatriote britannique, véritable héros de la conquête de l'Antarctique au début du vingtième siècle, de survivre à vingt-deux mois d'errance par moins 45 degrés. Toute proportion gardée : là où Ernest fut capable de traverser près de deux milles bornes d'océan en canot et au sextant pour secourir son équipage, l'un des actes de bravoure les plus notables de Sam a consisté à saborder son premier label, Skull Disco, après la parution d'une douzaine de références d'un avant-gardisme à faire passer Burial pour une idole des springbreakers. Mais il en dit long sur l'attitude foncièrement punk – il a d'ailleurs fait ses premiers pas dans le rock indiscipliné – qui, depuis dix ans, le pousse à défricher depuis sa base berlinoise des territoires sonores vers lesquels l'homme n'a jamais tendu l'oreille, tournant le dos à cette scène dubstep qui l'a vu naître et reçoit depuis ses messages comme on est touché par la grâce divine.

Il y a des mondes ailleurs

Car Shackleton a tout "vu" – notamment l'Afrique, le Moyen-Orient et l'Extrême-Orient, d'où il a "ramené" d’innombrables percussions – y compris ce qui n'est pas encore visible, en tout cas pas ailleurs que dans les ouvrages de science-fiction les plus visionnaires. Des rivages d'où montent en basses subaquatiques et voix spectrales les ultimes signaux de détresse de quelque civilisation engloutie (Shackleton & Pinch, réalisé avec un confrère qui comme lui contribue à faire du numérique une mystique comme les autres). Des cités futuristes qui résonnent de drones subliminaux et de mises en garde automatisées (le monument de sophistication Music for the Quiet Hour, pièce d'une soixantaine de minutes entre ambient, techno et spoken word). Des forêts qui bruissent de percussions rituelles et de mélodies du troisième type (l'EP Freezing Opening Throwing, paru en début d'année).

Et les récits publics qu'il fait de ces voyages extrasensoriels aux confins des musiques électroniques et ethniques – et dont l'indépassable compilation Fabric 55, sur laquelle il a mixé sa propre production, donne un parfait aperçu – sont parmi les plus dépaysants et hypnotiques qu'il vous sera donné d'écouter.

Macadam Mambo Résidence – Shackleton [+ Mick Wills + Sacha Mambo]
Au Sucre vendredi 14 novembre

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