Sélection Rhône-Alpes Inouïs 2016 : les auditions régionales en live

Comme chaque année, nous vous présentons en vidéo, avec la complicité, et surtout le talent, du collectif Shoot it, les huit candidats rhonalpins aux Inouïs du Printemps de Bourges. La formule consacrée : un jour/un artiste/une vidéo (du vendredi 5 au mardi 16 février). La nouveauté 2016 : c'est extrait live des auditions des 29 et 30 janvier derniers, sises à respectivement à Cluses et Annemasse que nous vous livrons – inouï, non ? En attendant le choix du jury qui désignera le (ou les) lauréats, les nominés sont...

Daisy Lambert

Daisy Lambert n'est pas seulement Un Chic Type, comme le stipulait le titre de son premier album, c'est aussi un spécimen si ce n'est unique, du moins rarissime. Et pas seulement parce que ce garçon porte un prénom de fille – hommage à une chanson de Christophe, le chanteur. Avant tout parce qu'il l'un de ces rares chanteurs à pouvoir jouer la tristesse avec un sourire en coin – on appelle ça l'élégance –, à citer la plus honteuse – pour nous, pauvres snobs – des références variétoches en l'accolant aux plus pointus des bricoleurs musicaux, à tisser des atmosphères rétro-futuristes d'une main, tout en tricotant des tubes de l'autre. La preuve avec... De l'autre côté, saisi ici en live. Mais il y en a d'autres.

Sin Tiempo

Si l'on a fait allemand première langue comme Jean-Marc Ayrault, on a des chances d'accéder au Quai d'Orsay mais on ignore probablement qu'en espagnol Sin Tiempo signifie « pas le temps ». Celui que cet électronicien lyonnais passé par le conservatoire, machiniste mais aussi multi-instrumentiste, n'a pas pris pour accoucher en un éclair de son projet musical et en récolter les premiers échos, favorables de la part de la critique, tristes comme une pierre quand ils émanent de la voix déchirante qu'il jette sur ses boucles lancinantes et dark pop. Comme sur ce Madness, extrait bien nommé du tout aussi bien nommé EP Immanence, ce phénomène, absout de toute notion de temporalité, que traduit si bien sa musique.

Satellite Jockey

Il n'est pas donné à grand-monde d'être l'objet de comparaisons avec des aînés aux esthétiques aussi diverses que MGMT et Jesus & Mary Chain, Spiritualized et quelque maison post-rock – en témoigne le violon et la rythmique de ce Dancing. C'est la magie de la dream-pop de ce groupe lyonnais – que la Bretagne nous aurait envoyé en une grosse bourrasque depuis Brest – que d'accoler entre eux les onirismes, dansant ou plus ambiant, mélodique ou plus abstrait. A cet égard, le titre proposé ici, Dancing donc, pas vraiment dansant, n'est pas le plus représentatif de leur deuxième album Falling. Peut-être parce qu'aucun de ses titres – où le chant se partage entre Pauline KCIDY et Rémi Richarme – qu'ils soient dream-pop, ligne claire, shoegazer ou même apprenti-goth, ne l'est vraiment, représentatif.

The Rebels of Tijuana

Les Inouïs se sont bien souvent des espoirs un peu plus qu'aux portes de la conspiration. C'est évidemment bien entendu le cas des Rebels of Tijuana que l'on voit rôder entre la Suisse et Lyon depuis une belle petite lurette. Une lurette vintage et rutilante de Marquis du garage yéyé en french touche qui court sur aujourd'hui trois albums dont le dernier, tout récent baptisé #3. Celui-ci par comme un Bangs, à la légèreté stoogienne – si ça n'existait pas, ils l'ont inventé – et ça se discute ici en live – hommage à Lester Bangs, légendaire critique rock dont ils crament les ailes. Faisant au passage étalage, outre leur talent, de leur appétit gourmand pour le name-dropping (visiblement tourné vers la presse comme en témoigne aussi Actuel) comme symptôme d'une nostalgie inébranlable mais sacrément ravageuse. Aussi rebelle que belle à rebours.

L'Entourloop

Chaque année, on aime à décerner ici – et c'est de notre entière responsabilité – la palme du meilleur sobriquet de groupe. Pour cette année, nous jetterons notre dévolu sur le franglish l'Entourloop, duo from Saint-Etienne, preuve s'il en en que dans un sobriquet il y un a briquet, à lui seul capable enflammer les machines et le sol de danse. Vérification en image, en en son ici : deux diggers-beatmakers, donc frip(p)és en vieillards pour déterrer les sons jamaïcains les plus fat, un trompettiste aux envolées jazz mais de racine herbeuse panjamaïcaine lui aussi, N'Zeng, jadis membre du Peuple de l'Herbe, et un MC vieil école, Troy Berkley. Et bim, nous voilà Back in Town – comme le titre proposé ici initialement featuré par Jamalski et MC Bang On ! Sur l'album Chickens in Town – « back in the days ». Et pour tout dire, c'est l'entourloop de la boucle du temps : « back to the future ».

Phazz

De fait, Phazz rime avec jazz, ce qu'on pourrait interpréter comme « en phase avec le jazz ». C'est à peu près vrai. Sauf que l'univers de ce beatmaker lyonnais biberonné à ce genre en dépasse de loin les contours. Débordant sur le hip-hop, la soul et le r'n'b, et bien sûr l'électro. Autant de matières qui sont venues en réalité se superposer à ses premières amours. Comme quand il a contribué à la fondation du True Lyon Crew autour du concept de « bass music ». Et les portes se sont ouvertes en grand devant lui, de la BBC Radio 1 au festival texan South by Southwest, portant fièrement le flambeau d'une génération de beatmakers en plein renouveau : de Thylacine à Superpoze, de Fakear à Everydayz, avec lequel il a signé Almeria, un LP d'où est tiré cet éponyme titre saisi en live, aussi intime que cinématographique.

Holy Two

De tremplins ou de sélections découvertes, Holy Two a déjà remporté son lot, fait plus que son joli trou dans le milieu de l'émergence et produit une poignée de disques – leur album éponyme était une sacrée réussite. Le dernier en date, un EP baptisé A lover's complaint délaisse parfois la complète évanescence de leur dream pop hybridée de trip-hop pour virer hip-hop et r'n'b à l'occasion (Undercover girls) voire carrément dancefloor (Face it). Toujours est-il que le duo Elodie (la voix du groupe, de plus en plus libéré)/Hadrien (l'Homme-machine) n'a pas son pareil pour tisser des atmosphères denses à l'intimité cotonneuse comme sur ce magnifique et schizophrène Orchid saisi ici en live et qui donne tout son sens à l'expression : le calme avant la tempête.

Os Drongos

Ils se font appeler Chef, Buddy et Wild Child et l'on pourrait aisément croire que ces trois-là ont grandi au pied des Appalaches au sein d'une communauté d'outsiders dont seule l'Amérique a le secret. Et aussi qu'ils auraient une fâcheuse tendance à abuser du moonshine, l'alcool artisanal de contrebande qui soit rend aveugle soit provoque le genre de visions psychédéliques qui traversent d'est en ouest un garage dream rock, dont on redescend bien difficilement. Mais qui n'oublie pas d'être redoutablement efficace à l'occasion – comme ce Shining Shake Hands. Perchés, les Os Drongos le sont, mais ce sont les montagnes autour de Chambéry qui les ont vu grandir. Et de temps en temps s'envoler. Jusqu'à arriver aux oreilles de l'accueillant, internationaliste mais néanmoins connaisseur label californien Bleeding Gold Records qui a depuis un moment mis ce trio sous licence. License IV sans doute.

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