Peter Von Poehl : « les instruments sont une palette d'émotions »

Peter Von Poehl

Le Kao

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Pop / Composé à partir de claviers vintage, le dernier album du Suédois Peter Von Poehl, Sympathetic Magic, détonne sans dérouter dans l'univers musical délicieusement impressionniste d'un compositeur nourri d'images autant que de sons. Entretien avant sa venue au Ninkasi Kao.

Pour votre précédent album, Big Issues Printed Small (2013), que vous qualifiiez de « symphonie lo-fi », vous aviez écrit tous les morceaux au préalable avant de les tester sur scène et de les enregistrer en une journée avec un orchestre dans les conditions du live. Comment vous y êtes vous pris cette fois pour Sympathetic Magic ?
Peter Von Poehl :
Ça ressemble davantage à la méthode que j'avais utilisée sur mon premier album, Going to Where the Tea Trees Are (2006) : quelque chose de plus bricolé, avec beaucoup de petits enregistrements successifs dans mon studio de Paris, qui étaient censés être des maquettes mais dont j'ai finalement gardé pas mal de choses. Mais le vrai déclencheur de l'écriture de ce disque, c'est que j'avais récupéré des claviers que j'avais ado à Malmö et que mes parents menaçaient d'envoyer à la décharge. Retrouver le son de ces synthés a un peu fonctionné comme une madeleine de Proust. Et comme ce sont des instruments que je ne maîtrise pas parfaitement, ça m'a aussi obligé, moi qui suis plus habitué aux guitares, à composer différemment.

On sent sur ce disque une patte beaucoup plus 70's, davantage tourné vers le psychédélisme et le rock progressif. Quelque chose d'un peu plus spatial aux deux sens du terme...
C'est vrai, même si ça n'a pas été quelque chose de conscient, ça s'est fait automatiquement. D'habitude, sur mes disques, un son de guitare ressemble à un son de guitare, là je me suis aperçu que ça ne marchait pas trop et j'ai commencé à mettre beaucoup d'effets dessus. J'ai aussi glané pas mal de choses sur d'autres projets comme Waves, une musique que j'ai faite pour un spectacle de danse.

Vous avez beaucoup de projets comme celui-là en parallèle de vos disques en solo, notamment des musique de films. Cela imprègne inévitablement l'écriture de vos albums ?
Oui. J'en sors à chaque fois avec un peu plus d'outils. Mais je crois que la façon que j'ai d'écrire une chanson à toujours ressemblé à ma manière d'écrire pour les films, où j'utilise les images à ma disposition : il s'agit moins de partir d'une histoire que de sensations, y compris dans ma façon d'utiliser les mots. Je recherche dans les deux cas une harmonie ou une dissonance qui produise quelque chose : un équilibre ou un déséquilibre. Comme les mots, les instruments évoquent des émotions, des couleurs, des caractères. Beaucoup d'instruments, d'ambiances, dans mon écriture sont liés à ma jeunesse, par exemple aux orchestres de l'Armée du Salut que je voyais enfant et qui m'ont beaucoup marqué. Les instruments sont une palette d'émotions qui permettent de coller à sa propre histoire.

Justement, votre musique a ceci de particulier qu'elle est très visuelle, très évocatrice. Vos chansons ressemblent beaucoup à ce qui pourrait être l'équivalent de tableaux impressionnistes. Cela vient-il de votre passion pour la peinture et les arts visuels ?
Impressionniste, c'est un terme qui me va bien. Et oui, je suis toujours allé dans ce sens là. Parce que je suis un artiste frustré (rires). J'ai toujours baigné dans l'art contemporain. Ma sœur est artiste plasticienne, mon père est un grand amateur d'art, mais malheureusement j'ai moi-même très peu de talent pour ça (rires). Alors, ce que je cherche dans la musique, c'est d'essayer de trouver une image, davantage que de raconter une histoire avec un début et une fin.

Vous parliez de ces claviers retrouvés chez vos parents et qui ont présidé à l'écriture de Sympathetic Magic... Croyez-vous à la place du hasard dans la musique et dans l'art en général ?
C'est très important. Ce qui n'était pas prévu au départ est souvent ce que je garde, il y a quelque chose d'irrationnel là-dedans. Pourtant quand je travaille pour les autres, je suis sérieux, je respecte les contraintes, je suis très rationnel, je suis celui qui rassure. Bref, je fais mon Scandinave. Mais quand je fais ma propre musique, je plonge tout de suite dans l'irrationnel et je cultive une certaine idée du chaos. Je crois beaucoup à cette phrase de l'artiste Sol LeWitt : « Les pensées irrationnelles devraient être suivies absolument et logiquement ». Ça résume bien les choses en ce qui me concerne.

Peter Von Poehl
Au Ninkasi Kao le mercredi 20 décembre

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