article publi-rédactionnels
Le Petit Bulletin Festival pour ceux qui n'y étaient pas
Par Stéphane Duchêne
Publié Mercredi 31 octobre 2018 - 2144 lectures
Photo : © DR
Après-Coup / Un an après sa première édition, le retour du Petit Bulletin festival à la Chapelle de la Trinité a donné une fois encore lieu à quelques moments de magie, fruits de l'atmosphère unique du lieu et de la générosité musicale de L, Stuart A. Staples et Yael Naim, les artistes invités trois soirs durant. Retour sur un week-end riche en émotions.
L (Raphaële Lannadère), ovni
Pour la première incursion du Petit Bulletin Festival aux frontières de la chanson française, c'est peu de dire que L livra une prestation étonnante. Aux "frontières de la chanson française" car avec ses arrangements, élancés, pour deux violoncelles et un percussionniste, la chanteuse livra aussi un ovni musical qui ne mit pas longtemps à décoller entre les murs de la Chapelle de la Trinité.
Musiciens tout de noirs vêtus, L d'une grande élégance dans sa robe sombre évoquaient en effet davantage les codes du classique et parfois du cabaret mais brisaient tous les autres, pour des versions bouleversantes, tantôt mélancoliques, tantôt dansantes, dans un mélange d'intensité et de légèreté, de gravité et d'espièglerie parfois, de titres de Chansons son dernier album – tels La Meuse, Laisser Passer, Tempête, La Micheline ou Orlando, au splendide final gospel emprunté au Gentle Angry People de Holly Near, mais aussi Sur mon île, son hommage à la chanteuse Lhasa, ou son classique Petite.
Le tout conclu par un émouvant rappel sans micro au milieu du public accompagné par un unique violoncelle. Quelque chose de l'ordre de la classe pure.
Stuart A. Staples, unique
C'était un concert unique à tous points de vue, parce qu'il était le seul, cadeau inestimable, que Stuart A. Staples avait choisi de donner suite à la sortie de son dernier disque Arrythmia et parce que pour l'occasion, le chanteur des Tindersticks avait choisi de bâtir un édifice musical audacieux, à la fois d'une rare fragilité et d'une grande puissance tout en retenue, superbement épaulé dans son ouvrage par Dan McKinna aux claviers et le batteur tout en subtilité qu'est ce diable de Thomas Belhom.
Après la découverte de Fiona Brown qui assura de sa voix blues la première partie de la soirée en compagnie de Neil Fraser transfuge, lui aussi, des Tindersticks, Stuart A. Staples entama son concert en apesanteur avec notamment deux titres étranges et pénétrants d'Arrythmia : Memories of Love et l'ascensionnel A New Real, pourtant difficilement transposables sur scène. Puis se lança, toujours dans une atmosphère en suspension à peine perturbée par les aboiements d'un chien dans la nuit lyonnaise (comme un clin d'œil au Lucky Dog qui donne son nom à son studio de la Creuse et même, nous dit-il, hilare, au film de Claire Denis dont il vient de composer la musique), dans un répertoire plus up-tempo.
De là surgirent notamment l'habité Say something now et le splendide classique staplesien, That leaving feeling, en duo avec Fiona Brown qui comme Neil Fraser l'avait rejoint sur scène pour quelques titres. Puis à deux reprises, dont un rappel, un inédit, Willow, composé pour la BO d'High Life, le précité film de science-fiction de Claire Denis, qui ne fut pas sans ajouter sa touche d'inquiétante (même si enveloppante) étrangeté à une soirée qui n'en manqua pas.
Yael Naim & les Métaboles, renversante
Toujours partante pour les défis musicaux avec ou sans filets, et fort généreuse en la matière s'agissant de ses prestations en Petit Bulletin live ou Petit Bulletin Festival, Yael Naim avait cette fois, après les cordes avec le Quatuor Debussy, travaillé sa création autour de la voix. Un exercice, l'arrangement vocal, dans lequel cette remarquable chanteuse est forcément très à l'aise.
Pour l'occasion, huit chanteurs des Métaboles, l'ensemble qui l'avait accompagné en grand nombre il y a quelques mois à la Philharmonie, était à l'honneur, en cette Chapelle de la Trinité pleine à craquer, pour souligner la richesse des compositions de Yael Naim.
Car ce fut également l'occasion pour le public de s'ouvrir à de nouveaux morceaux dont l'autrice-compositrice soulignait la fragilité sans que l'on puisse véritablement la déceler (on pense par exemple à l'émouvant Daddy) tant ses échanges musicaux avec son alter-ego David Donatien, passant d'un instrument à l'autre comme qui rigole, semblaient aller de soi. Mais aussi de redécouvrir quelques classiques de la dame dans de splendides versions, à l'image de Coward ou Dream in my head mais aussi Lonely au cœur du premier rappel. Juste avant Yael et David s'installaient, comme L deux jours plus tôt, au cœur de la Chapelle et livraient au marimba et à quatre mains, une version renversante d'I Walk until.
Le second rappel, entamé avec une version vibrante de 7 Baboker, se concluait par un autre classique « naimien » : sa fameuse reprise du Toxic de Britney Spears en mode piano batterie. Sur le final duquel, seule face au public, Yael Naim, qui avait démontré tout au long de la soirée l'étendue de sa palette vocale et stylistique, se muait quasiment en prêtresse vaudou devant une audience envoûtée. La messe pouvait finir, elle était dite, et bien dite.
pour aller plus loin
vous serez sans doute intéressé par...
Mercredi 14 février 2024 "Heureux soient les fêlés" assure François Mallet, humoriste « bipolaire, gay et patineur artistique ». Un cocktail détonnant pour un spectacle surprenant, inattendu et, surtout, hilarant. À découvrir à l'Espace Gerson de Lyon.
Mardi 6 février 2024 Vous est-il déjà arrivé, quand vous lisiez un poème, de vouloir savoir quand, pourquoi, comment il avait été écrit ? Quelle était l’histoire qui se nichait derrière les figures de style ? Hollie McNish, avec Je souhaite seulement que tu fasses...
Mardi 6 février 2024 À deux pas de Bellecour et de la Saône, sur une placette, cet élégant café sert au déjeuner une cuisine de bistrot ; sans chichis.
Mercredi 24 janvier 2024 Une poésie des entrailles aussi politique qu’elle est protéiforme : avec son recueil Frénésies, Stéphanie Vovor explose les frontières du genre. À lire aux éditions du Castor Astral ou à écouter le 1ᵉʳ février à la librairie La Virevolte.
Mardi 23 janvier 2024 De tous les festivals de courts ayant lieu dans la métropole, Un poing c’est court à Vaulx-en-Velin a toujours eu un statut à part : c’est un festival engagé, (...)
Mardi 31 octobre 2023 Le festival Lumière vient de refermer ses lourds rideaux, les vacances de la Toussaint lui ont succédé… Mais ce n’est pas pour autant que les équipes de (...)
Mardi 31 octobre 2023 Si le tourisme en pays caladois tend à augmenter à l’approche du troisième jeudi de novembre, il ne faudrait pas réduire le secteur à sa culture du pampre : depuis bientôt trois décennies, Villefranche célèbre aussi en beauté le cinéma francophone....
Jeudi 19 octobre 2023 Hugo Frison succèdera à Gérard Lecointe à la direction du théâtre de la Renaissance en janvier 2024.
Mardi 17 octobre 2023 Nicolas Piccato a quitté à la rentrée ses fonctions de directeur de Lyon BD, à sa demande. Arrivé en 2021 en remplacement du fondateur Mathieu Diez, parti au (...)
Mardi 19 septembre 2023 Ou l’inverse. Dans un ex-vieux rade des pentes.
Mardi 19 septembre 2023 La saison à peine entamée – et entamée en pleine bourre le concernant – le Ninkasi ferme ses portes dès le 5 novembre, après une grosse fête de clôture. Suivront 20 mois de travaux pour un Ninkasi Gerland new look et une nouvelle salle à La Saulaie...
Mercredi 13 septembre 2023 Pour sa 5e édition, le festival de street-art Peinture fraîche quitte la halle Debourg pour investir sa voisine aux anciennes usines Fagor-Brandt. Du 11 octobre au 5 novembre, 75 artistes s'exposent sur 15 000m2.
Mardi 5 septembre 2023 C’est littéralement un boulevard qui s’offre au cinéma hexagonal en cette rentrée. Stimulé par un été idyllique dans les salles, renforcé par les très bons débuts de la Palme d’Or Anatomie d’une chute et sans doute favorisé par la grève affectant...
Mardi 29 août 2023 Et voilà quatre films qui sortent cette semaine parmi une quinzaine : N° 10, La Beauté du geste, Alam puis Banel & Adama.
Suivez le guide !
Jeudi 17 août 2023 [mise à jour mercredi 23 août 2023] Déjà interdit à Paris, Montpellier et Toulouse ces derniers jours, le spectacle de Dieudonné a été interdit à Lyon, amis s'est tenu dans un champs privé à Décines, et est interdit à Grenoble une semaine plus tard....
Lundi 12 juin 2023 Le musée à l’architecture déconstructiviste accueille, jusqu’au 18 février, "Afrique, mille vies d’objets". Ces 230 objets africains, principalement datés du XXe siècle, collectés par le couple d’amateurs et marchands d’arts Ewa et Yves Develon,...
Lundi 12 juin 2023 Parmi les jeunes maîtres du cinéma nippon, Kôji Fukada est en train de se tailler une place de plus en plus importante. Présenté à la dernière Mostra, Love Life est un film sur les liens invisible, l’incommunicabilité, la famille et la résilience....
Mercredi 19 avril 2023 Invité aux Rencontres du Sud pour présenter sa nouvelle comédie avec Charlotte Gainsbourg, "La Vie pour de vrai", Dany Boon évoque les lointaines inspirations qui l’ont aidé à modeler son personnage de candide. Comme son rapport inattendu à Agnès...
Mardi 28 mars 2023 Un nom douillet, une verve grivoise, crue, parfois joliment obscène : Doully — celle qui surnomme son public « ses p’tits culs » — passe deux fois en région ce mois-ci, nous voici ravis.
Mardi 28 mars 2023 Nouvelle expérience chorégraphique singulière avec l’enfant rebelle de la danse, Boris Charmatz, qui nous entraîne dans les plis de sa somnolence et de son inconscient.
Mardi 28 mars 2023 Très en vue depuis quelques années, accueillis déjà aux Subs, Alexander Vantournhout (né en 1989 en Belgique) a été formé à la fois en école de cirque et à l’école de (...)
Mercredi 18 janvier 2023 Parce que le comedy club ne semble pas se définir pas par ce qu’il est, mais plutôt par ce que l’on y fait, à Lyon, un bar tranquille du 6e peut se (...)
Mercredi 30 novembre 2022 Deux lieux atypiques accueillent des projections en ce début décembre. D’abord, la Maison de l’Écologie dans le 7e arrondissement ce jeudi 1er à 20h à (...)
Mercredi 30 novembre 2022 Le Festival du Film Court du Zola ayant servi de warm-up, on ne lâche pas l’affaire et l’on continue avec entrain avec la deuxième édition de Mutoscope, (...)
Jeudi 1 décembre 2022 Le titre un brin lapidaire de la livraison mensuelle du cycle Ciné Collection concocté par les salles du GRAC (“Femmes à la caméra“) ne doit pas susciter (...)
Mercredi 30 novembre 2022 L’un aurait fêté son centenaire, l’autre ses 130 printemps en 2022. Mais tous deux sont d’une étonnante contemporanéité et — curieusement — complémentaires. Ernst Lubitsch et Francesco Rosi finissent l’année à l’Institut Lumière.
Mardi 29 novembre 2022 A priori similaire à l’édition dernière (trente propositions), très essentiellement sur une zone de Presqu’île qui s’élargit peu à peu, la Fête des Lumières, du 8 au 11 décembre, fait néanmoins place à des artistes européens majeurs, jamais venus...
Lundi 10 octobre 2022 Le spectacle vivant est un des rares moment où l’on ne fait qu’une chose à la fois. Pour le public, du moins... Car Les Rois Vagabonds, eux, jonglent entre les disciplines durant plus d'une heure. Leur "Concerto pour deux clowns" est joué au Grand...
Jeudi 6 octobre 2022 Huit ans après "La French", le réalisateur et le comédien se retrouvent pour un film à nouveau tiré d’un fait historique mais beaucoup plus contemporain : les attentats de 2015. Rencontre autour de la conception d’un film sur une tragédie française.
Mercredi 5 octobre 2022 Kashink détonne dans le paysage du street art depuis une quinzaine d’années. Sa pratique engagée se met au service d’un discours sur l’identité. À travers ses peintures de masques, elle nous raconte notre complexité, nous invite à l’embrasser avec...