Shannon Wright, l'état Providence

Shannon Wright

Comédie Odéon

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Rock / Énième concert lyonnais pour la métronomique Shannon Wright, avec cette fois un album, Providence, qui déroute l'accès à ses sombres états d'âmes, sous la forme d'un bouleversant piano-voix.

Ainsi va l'artisanat wrightien : comme ses illustres homonymes pionniers de l'aviation, lorsque Shannon Wright décolle, on ne sait jamais vraiment quelle sera la durée du vol, ni dans quel état va nous laisser l'atterissage. Ce qui, au vrai, tient davantage du saut de la foi que de l'expérience icaresque. Or, dans la carrière de la Floridienne, toute en fragilité bruitiste et tempêtes sous un crâne de cristal, on a connu quelques affaissements salvateurs, turbulences en forme d'accalmie qui nous tiraient les tripes vers le bas dans le vertige du trou d'air.

Chez Shannon, ces moments se manifestaient par un soudain rendu des armes, la reddition d'une âme fatiguée de sa propre rage sonique, s'abandonnant, le temps d'une douce éruption, à la torch song existentielle, au lacrimae rerum éperdu.

Une tendance qui jaillissait ça et là comme autant d'enclaves au milieu de la "noise parade" qu'elle avait entrepris de faire tonner entre nos oreilles. On en trouvait traces sur à peu près chacun de ses disques les plus récents – sous la forme d'une ballade débranchée, d'une dérivation électronique ou d'une micro-sieste organique. Traces qui sur le précédent Division dessinaient déjà une contre-allée.

Pénombre et brouillard

Mais c'est sur ce Providence que Shannon Wright a entrepris de couper pour de bon le courant et de ne plus s'éclairer qu'à la bougie, de continuer d'entretenir la flamme de son feu intérieur en se tenant pour une fois à bonne distance du grand incendie. Le brumeux These Present Arms, sur lequel sa voix se dédouble à l'infini comme une armée de fantômes, avait donné un avant-goût hypnotique de ce disque tout entier dévolu à la voix (vibrante) et au piano.

Au croisement de l'expérience initiée il y a quinze ans avec Yann Tiersen et d'une approche plus expérimentale (l'instrumental Providence qui voudrait marier Satie et Philip Glass), Shannon Wright traite ses mélodies avec autant de douceur qu'elle ne les déglingue habituellement, effleure son piano avec le même soin qu'elle ne tabasse souvent ses guitares.

C'est pourtant la même émotion infiniment remâchée qui écume à la surface de Providence : celle d'une Shannon dans tous ses états, donnant l'impression de tenir une flammèche dans le blizzard, d'hurler sa colère dans le silence du vide. Comme un symbole, une déclaration même, le nom de Wright n'est jamais apparu aussi gros sur la pochette d'un de ses disques. Peu importe la manière : Wright is Wright.

Shannon Wright
À la Comédie Odéon le dimanche 20 octobre

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

Jeudi 4 avril 2013 Après quelques livraisons faussement apaisées, Shannon Wright revient au Clacson avec la porte dans la main. Et un disque, "In Film Sound", qui confirme les tendances bipolaires de son rock, autant à l'os qu'à fleur d'âme. Stéphane Duchêne

Suivez la guide !

Clubbing, expos, cinéma, humour, théâtre, danse, littérature, fripes, famille… abonne toi pour recevoir une fois par semaine les conseils sorties de la rédac’ !

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X