Ponta Preta : seins et surf

Surf Rock / Révélés par le Ninkasi Music Lab en 2019, les cinq Lyonnais de Ponta Preta sacrent le printemps avec leur premier album, Tits Up, impeccable dégradé psychédélique de surf music et de garage pop qui convoque le soleil et réchauffe corps et cœurs, tous azimuts.

Avec le retour des beaux jours, et même – qui sait ? – des « jours heureux », et bientôt tous vaccinés d'ici quinze jours-trois mois, voilà qu'on va pouvoir réinvestir l'extérieur jusqu'à des 20h, 20h30, tomber sinon les masques du moins chemises et t-shirts, sortir les pantacourts et les mini-jupes, gonfler les torses et pointer les seins vers l'azur même, si on veut – c'est fait pour ça les jours heureux, non ? Eh bien voilà qu'arrive à point nommé le premier album des rookies lyonnais du moment, Ponta Preta, qui pourrait bien être la bande son idéal de ces prémices estivales.

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La chose a pour nom Tits Up et résonne donc comme une invitation à se dépoitrailler, y compris à se dépoitrailler l'esprit qui commence à sérieusement sentir le renfermé et la chaussette confite. Un titre qui est aussi, les fins limiers de la pop moderne l'auront compris, un clin d'œil plus ou moins avoué au Surf's Up des Beach Boys.

Car ces jeunes surfers en partie révélés il y a deux ans — cette douce éternité —, par le Ninkasi Music Lab (ils y ont remporté un prix qui a permis de financer la réalisation dudit disque) ont un petit penchant pour la musique West Coast, la pop façon autoroute à quatre voix et particulièrement les ombres portées par le soleil éclatant de la surf music de (grand) papa et maman.

Empire du Soleil et Grand Chaparral

Oui, à leur tout jeune âge, la vingt-cinquaine, par là, ces cinq types ont été bercés trop près du rouleau par les riffs twangués en Apache, façon western sur l'eau, des antiques Shadows. Et d'à peu près tout ce qui s'en réclame, de montées psyché en descente au garage chemin fuzzant, d'Allah-Las en Limiñanas, de La Luz en Tame Impala, c'est ici le règne de l'Empire du Soleil, un pays où il fait jour toutes les nuits.

En ouverture, le single I wanna know est un parfait avant-goût martial et aérien – le tranchant de la guitare et la mousseline de pistes vocales passées au chinois – de tout ce qui va suivre en traînage de pieds et cavalcades estivales. Atavisme surf oblige, les instrumentaux sont ici obligés tels Tits Up en groove lascif format space pop, basse ronde comme une queue de comète – même tarif ou presque sur le lanceur spatial Scusi Frate dont le solo cingle comme une pluie de météores – ; From Baya with Love, carte postale carillonnante ou Someday en (re)visite spaghetti au Grand Chaparral.

Comme sont incontournables les enchillades (You & I pour emballer les cœurs et déballer les corps en cocktail Sex on the Beach, Circus Smile soundtrack du moment où tu regardes pousser tes orteils ; tout cela au ralenti) et les prises d'assauts toutes exécutées la bouche en chœurs (Lost in the mountains et ses embardées psychobilly-esques, In The wind au thème très Impala).

De cela, on se réveille un peu vacillant comme d'un week-end très prolongé (Morning Tuesday) sur un psyché-tube taillé en (orgue) Hammond et vrillé en roucoulades façon Armée Rouge. Tout ça est, il faut bien le dire, pratiquement impeccable et a tout du braquage en bonne et due forme : en sortie de disque, seins en l'air, bras ballants, personne ne bouge.

Ponta Preta, Tits Up (Le Surf Records)

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