Alpha Saliou Diallo : « avec LEGROSTASDEZIK, on parle de musique sans complexe »

Hip-Hop / Alpha Saliou Diallo a grandi à Vénissieux, bercé par les sons du Wu-Tang Clan. En 2011, le Lyonnais crée son blog pour parler hip-hop, jazz, soul et funk : LEGROSTASDEZIK. Dix ans plus tard, le site fête sa première décennie avec trois jours de fête à la Maison Mère, au café Rakwé et à l’Obamo. Rencontre.

Comment en es-tu arrivé à monter ton propre média ?
Alpha Saliou Diallo :
J’ai commencé tôt la radio, en 2010. J’étais chroniqueur bénévole à Radio-Charpennes-Tonkin (RCT). Ma première émission s’appelait la Blackline, la première consacrée au hip-hop lyonnais, fondée à la fin des années 80 : plusieurs générations d’animateurs et de chroniqueurs s'y sont succédés. Mais en 2009, RCT devient Radio Capsao et se consacre aux musiques latines. LEGROSTASDEZIK est né peu après de cette frustration, du fait que l’émission ait évolué vers le hip-hop latino. Je voulais un blog sur lequel j’avais la liberté de parler de tout, sans filtre. Au début de LGTDZ [NdlR : LEGROSTASDEZIK], je travaillais encore en radio, à RTU (Radio Trait d’Union) devenue ensuite Nova Lyon. Les studios étaient dans les mêmes bureaux, à La Guillotière.

De quoi parle LEGROSTASDEZIK ?
Il y a eu plusieurs périodes. Au début, je ne parlais que d’albums gratuits, d’artistes inconnus. Je voulais faire découvrir, en prenant le parti de ne pas parler d’artistes mainstream. Par la suite, j’ai ouvert la ligne éditoriale, tout en restant autour des grooves hip-hop, jazz, soul et funk, mais dans une vibe underground, même si ça veut tout et rien dire. En restant exigeant musicalement, en fait. Tout en étant détendu dans la manière d’en parler. D’où le choix du nom LEGROSTASDEZIK.

Tu fais vivre d’autres plateformes que ton site ?
J’ai le site Web, qui est à géométrie variable en matière de productivité — à une époque, c’était quasiment quatre ou cinq articles quotidien, aujourd’hui un peu moins... En résumé : il y a les articles, une Web TV avec 5000 clips qui tournent, un agenda, des playlists, des podcasts et une boutique en ligne. À coté de ça, là où pour moi se trouve vraiment le cœur de l’activité du LGTDZ, j'anime un groupe Facebook privé (Le Gros Tas de Zik fam) dans lequel il y a tous les artistes que j’ai relayé, suivi, chroniqué — des directeurs de labels, des directeurs de festivals, des diggeurs, des passionnés, des curieux et des enthousiastes. Toutes ces personnes échangent quotidiennement autour de la musique, avec parfois des thèmes, des jeux interactifs. J’ai une scène Twitch aussi, avec une émission matinale quotidienne qui va bientôt reprendre. Une page Facebook qui est un peu la vitrine publique, et pour le reste ce sont des événements, des DJ sets, des interventions, des mixes pour d’autres radios.

Combien de personnes travaillent avec toi sur ce média ?
Depuis le début, je suis le seul et unique rédacteur. Quasiment. Pour te faire une idée, sur dix ans d’existence du blog et 2000 articles environ, il y en a 13 ou 14 qui ont été écrit par d’autres personnes !

Quel est ton rapport à la musique ?
Je suis presque né dedans. J’ai des cousins producteurs, beatmakers, qui ont roulé leur bosse dans le circuit. Aussi loin que je me souvienne, déjà dès la primaire, je baignais dans des projets comme Liquid Swords de GZA (NdlR : membre du groupe de rap afro-américain Wu-Tang Clan). Ensuite est venu le parcours radiophonique ; j’ai consacré une bonne partie de ma jeunesse à creuser le son, c’est une seconde nature. Je ne m’arrête pas juste au projet ou à un album, je vais voir plus loin ; je m’intéresse à l’histoire des labels, au parcours des artistes, à l’origine des samples... Ça ouvre les oreilles sur d’autres genres musicaux, et aux liens qu’il y a entre eux.

Tu écoutes beaucoup de styles différents ?
Tout le monde écoute de tout. Après, c’est une vibe qui est vraiment spécifique à la personne. Un courant c’est une chose, mais on peut dans le même courant avoir des morceaux qui nous parlent plus que d’autres. Donc, je préfère parler de "musiques qui me parlent" plutôt que d’un style. Le point de départ a été la scène rap east-coast des années 90, mais j’ai aussi énormément poncé le jazz, le rock psychédélique des années 60-70, j’ai des groupes de métal que j’adore, j’adore le new school, des trucs électro même... Ouais, c’est une histoire de groove !

Ce week-end, tu fêtes les dix ans de LEGROSTASDEZIK à la Maison Mère, au Café Rakwé et à l’Obamo. Raconte-nous ce qu'il va se passer ?
Pendant ces trois jours, il va y avoir des DJ sets, des guests, des émissions sur Twitch, une journée à l’Obamo avec de la petite restauration, des échanges et surtout une expo photo de Paul Bourdrel, qui est un collaborateur de très longue date et un ami très proche. Ça va être un moment de communion, de rassemblement, de rétrospective et de découverte pour les personnes qui aiment le son, tout simplement.


Les 10 ans de LEGROSTASDEZIK, le programme

Vendredi 3 septembre

- de 10h à midi : Matinale sur Twitch captée au Café Rakwé, Lyon 1er
- de 17h à 19h : Livestream sur Twitch capté à la Maison Mère, Lyon 1er
- de 20h30 à 4h : DJ sets par DJ Doka et Seb Loopes à la Maison Mère, Lyon 1er

Samedi 4 septembre

- de 10h à midi : Matinale sur Twitch captée au Café Rakwé, Lyon 1er
- de 17h à 19h : Livestream sur Twitch capté à la Maison Mère, Lyon 1er
- de 20h30 à 4h : DJ sets par Raistlin & Nutbreaker, Jostereo, Nickee B & Kams, Chylorama et Mab’ish à la Maison Mère, Lyon 1er

Dimanche 5 septembre

- de 11h à 20h : Livrestream sur Twitch & exposition de Paul Bourdrel à l’Obamo Café, Lyon 3e
- de 13h30 à 19h30 : DJ sets par Tim Purple, Shimshon, DJ Sunlet, James Stewart & guests à l’Obamo Café, Lyon 3e
- de 20h à ? : Open platines à l’Obamo Café, Lyon 3e

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