Interview / Nino D'Introna, directeur du Théâtre Nouvelle Génération.
Propos recueillis par Dorotée Aznar
Quel doit être, selon vous, l'objectif d'une programmation destinée au jeune public ?Nino D'Introna : Au Théâtre Nouvelle Génération, j'ai fait le choix d'une programmation tout public. Les enfants ne viennent jamais seuls au théâtre, les spectacles doivent donc être capables d'émouvoir et de rassembler à la fois un public d'adultes et d'enfants. Tous doivent trouver leur propre lecture, leur propre plaisir ; j'aime les contrastes et la mixité, je m'ennuie à voir toujours le soleil. Le théâtre est un moment de partage collectif d'émotions et un lieu de rencontre. Il est nécessaire d'être sélectif et de chercher à surprendre, le public a besoin d'être bousculé, on ne vient pas au théâtre pour se rassurer.Pouvez-vous décrire votre rapport personnel et professionnel avec le jeune public ?J'ai d'abord été enseignant en Italie, j'y ai monté des spectacles avec les enfants. Puis je suis passé du théâtre par les enfants au théâtre pour les enfants. Encore aujourd'hui, je suis en recherche, je ne peux définir "scientifiquement" la notion de théâtre jeune public. Je suis désormais un professionnel, j'ai 49 ans et j'ai joué dans des milliers de représentations scolaires. Pourtant, je pense avoir gardé un regard frais et disponible, j'ai préservé la naïveté de l'enfance. Comme les enfants, je vis sans carapace, c'est un choix que j'assume.Qu'est-ce qui caractérise les spectacles pour les plus jeunes ?On retrouve fréquemment des thèmes communs, il s'agit de spectacles plus courts et de scénographies moins chères que dans le théâtre traditionnel car l'argent circule beaucoup moins. Cependant, la qualité n'est pas moindre, l'enfant a un rapport charnel au théâtre, une relation immédiate et spontanée. C'est un public qui ne pardonne pas, il peut te tuer physiquement et psychologiquement. Il y a une dynamique avec les enfants, un rapport plus personnel et plus intime, même leurs silences ont quelque chose de spécial.
