Si c'était eux…

Théâtre / Loin des mœurs du théâtre institutionnel, deux auteurs-acteurs ont créé Si c’était L., tragi-comédie romantique reprise actuellement à l’Acte 2 théâtre. Christophe Chabert

Si Claude Allègre avait été ministre de la culture, il aurait sûrement traité le théâtre de «mammouth». Mais plutôt que de le dégraisser, il mériterait surtout d’être plus échevelé et hirsute. L’esprit qui a animé l’équipe de Si c’était L… pour créer leur comédie romantique n’a cependant rien d’un acte militant. Pas de théorie, mais plutôt du «faire», du culot et une culture qui n’est iconoclaste que pour les gardiens du temple théâtral. Emmanuel Pinto et Nicolas Musili ressemblent aux deux personnages qu’ils se sont écrits : de jeunes adultes qui ont gardé une part d’adolescence, élevés au cinéma américain, aux séries télé et aux jeux vidéos. On peut même voir le pitch de la pièce comme une métaphore de cet entre-deux : la fille dont ils étaient amoureux, morte dans un accident de voiture, «réapparaît» trois ans plus tard sous un nouveau nom, voisine du dessus au comportement franc du collier bousculant l’équilibre léthargique dans lequel les deux colocataires s’étaient lentement lovés. Éternel retour de l’aimée ou nostalgie d’un temps qu’on rêve d’arrêter dans une adulescence fragile ? Mais achtung ! Si c’était L… n’est pas un pensum, juste une comédie qui choisit de rire à coups de répliques bien senties des drames existentiels qui s’invitent à l’improviste dans le quotidien.Au service de l’histoire
Pinto et Musili disent que cette idée de pièce leur est venue presque simultanément. Emmanuel devait donner forme aux idées lancées lors de leurs nombreuses discussions, mais c’est finalement Nicolas qui, en une semaine, rédige la pièce. Cette symbiose-là est le fruit d’une vraie rencontre, en cours de théâtre puis dans la vie, qui a longtemps attendu avant de trouver son expression juste. Au spectacle à sketches initialement envisagé, ils préfèreront donc raconter une histoire, une vraie, avec des twists inattendus, des personnages forts et proches du public qu’ils veulent séduire, qui leur ressemble et qui n’est pas forcément abonné des scènes de théâtre. Si c’était L… a trouvé un bon refuge à l’Acte 2, nouvelle scène sans œillère, et son parfait metteur en forme en la personne de Jacques Chambon. Intelligemment, il a compris que la mise en scène devait servir le texte et les acteurs, plutôt que de se servir d’eux ; position discrète en adéquation avec le projet, celui d’un théâtre réaliste aux dialogues colorés, un théâtre du sujet plutôt qu’un théâtre à thèmes, qui croit dans ce qu’il raconte et n’use pas d’artifices pour détourner l’attention du spectateur. Objectif : «Voir une pièce comme on regarde un film.» Si on faisait une petite place à ces projets-là dans le théâtre d’aujourd’hui ?Si c’était L…
À l’Acte 2 Théâtre, du 18 février au 7 mars.

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