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«Je ne suis pas une Brigitte Bardot»

Entretien / Jade Duviquet, concepteur et metteur en scène de «Cet animal nous regarde». Propos recueillis par DA

Petit Bulletin : On a déjà eu l’occasion de vous voir explorer la question animale, notamment avec Cyril Casmèze, acteur zoomorphe… En quoi «Cet animal nous regarde» apporte un nouveau regard ?
Jade Duviquet :Cette fois, j’ai eu envie d’explorer notre rapport ambigu avec les animaux pour savoir où l’on se situe par rapport à eux en suivant trois voies. Tout d’abord l’humain qui rêve de prendre le corps de l’animal avec Cyril Casmèze qui est pour moi une sorte de chaînon manquant ! Ensuite, voir comment on peut être dans un amour «partagé» avec un animal, de quelle manière se manifeste cette projection affective et enfin se demander comment je suis, face à l’animal qui me regarde ; se demander par exemple si j’ai honte d’être nu devant lui… Derrida, Flaubert, Rilke… le texte est très présent dans ce spectacle. Garde-t-il également un caractère très «physique» ?
Oui, ce spectacle est à la fois très physique et, je l’espère, très drôle, tout en faisant gentiment frissonner. Les transformations animales de Cyril sont très « dansées», il y a également le trapèze avec Hélène de Vallonbreuse… En fait, je prends le texte, le son, la vidéo, le travail des corps et je tricote tout ensemble, tout est lié. Et pour la première fois, je travaille avec de vrais animaux sur scène : un chat et un perroquet. Il a fallu s’adapter à cette contrainte supplémentaire.En avez-vous bientôt fini avec les animaux ?
Non, je suis loin d’en avoir fini ! Pour moi, poser la question de l’animal est une manière de chercher la place de l’humain, de se demander s’il n’a pas pris trop de place justement… Avant, j’étais plus du côté de la transformation, de l’animal en homme, de l’homme en animal et aujourd’hui, je voudrais travailler à l’image de l’ouvrage d’Elisabeth de Fontenay : sans offenser le genre humain. Je sais que la souffrance humaine existe, je ne suis pas une Brigitte Bardot !

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