Fellag fait son cooking show civilisé

Fellag : Petits chocs des civilisations

Centre de Congrès de Saint-Etienne

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Si Aristote nous dit combien l'homme est un animal politique, il nous rappelle aussi que le rire est le propre de l'homme. Il semblerait que Fellag conjugue à merveille ces deux dynamiques dans son dernier spectacle qui sera un moment fort du festival. Un humour toujours aussi fin Peut-être parce que Fellag fait appel aux ingrédients les plus délicieux pour se jouer des relents identitaires qui feraient que l'extrême serait la norme. Nous vous proposons une interview dînatoire, qui saura vous donner l'eau à la bouche avant le spectacle.

Quel relation entretenez-vous avec Saint-Etienne?
Saint-Etienne est l'une des premières villes à m'avoir accueilli en France. J'avais déjà joué à Saint-Chamond, Givors, la Ricamarie avant d'être connu. Il y a quelque chose d'extrêmement chaleureux. Il y a un vrai public populaire. Je lui donne la pêche, il me donne la pêche. C'est un public qui rentre tout de suite dans le jeu, qui s'implique, qui écoute et réagit, un vrai public chaleureux et intelligent en même temps. Je garde un souvenir d'une représentation en 1995 à Saint-Chamond. C'était époustouflant! Le public avait une réaction extraordinaire et cela reste un de mes plus grands souvenirs de théâtre. 

Votre spectacle "Petits chocs des civilisations" est présenté comme un cooking show. Pourriez-vous revenir sur ce thème?
Il y a quelques années j'avais joué chez Jérôme Savary à l'opéra comique un spectacle intitulé "Comment réussir un bon petit couscous ?". C'était une sorte d'opérette où Biyouna jouait avec moi. J'ai réécrit et publié ce petit texte. Plus tard j'avais envie, avec cette théorie de Samuel Huttington autour du Choc des civilisations qui nous promet un avenir violent, de reprendre le spectacle et en faire un autre qui s'appelle petits chocs des civilisations. Ce sont tous les petits chocs, les petits déchets du quotidien entre nous tous qui nous gênent. Je me suis dit on va en rire.

Huttington mis en boulettes
Au lieu que ce soit des petits chocs des civilisations qui nous fassent mal ce sera ceux qui nous font rire. J'ai demandé à ma compagne, Marianne Epin, avec qui j'avais déjà travaillé pour "Les Algériens sont tous des mécaniciens", de me mettre en scène. Elle m'a dit tu joueras dans un cooking show comme à la télévision. Le spectateur se retrouve plongé dans l'univers actuel de ces émissions de cuisine. On a demandé à Sophie Jacob, une décoratrice de théâtre, de créer un décor de cooking show avec lequel on puisse jouer. Je suis seul sur scène dans une cuisine, il y aura de la vapeur, ça boue... Il y aura des vrais légumes, de la vraie viande. Pendant 1h30 je cuisine les légumes, la viande, la semoule, mais je cuisine aussi les mots, la politique, la société, la mémoire collective entre la France et l'Algérie, je les prends tous en ingrédients et je les cuisine dans mon couscous. Des fois je cuisine autour de mon piano. Je joue devant, derrière, à l'intérieur et sur le piano.

Donc un cooking show musical?
Absolument, un cookink show musical qui draine et qui brasse tous les sujets qui fâchent mais avec lesquels on peut beaucoup faire rire au théâtre.

Comment se crée votre humour dans ce dialogue entre humour et politique?
J'ai ma petite musique, comme chaque acteur. Globalement nous travaillons sur les mêmes ressorts, on attrape des sujets politiques qui sont totalement décalés par rapport aux désirs des gens, totu ce qui peut être  déjantés et dangereux. On le récupère, on le renvoit de manière humoristique. Le but étant de désamorcer la violence qu'il y a dans la politique et en rire. Se moquer de ce qu'il y a dans cette politique-là afin que la vie soit un peu plus relaxe. Je ne me moque jamais des gens, je me moque des thèmes et des situations politiques dangereuses, des situations sociales qui peuvent être totalement anachroniques.

Faire que la vie soit plus relaxe

Derrière le rire il y aurait une autre réalité politique possible que celle dictée par nos dirigeants?
En tous les cas on essaie de se défendre avec les armes que l'on a. Le rire est une arme pour démoraliser le jeu politique qui peut nous mener au pire.

Quel regard portez-vous sur le contexte identitaire actuel? 
Le regard est dans mon spectacle. Le thème de l'identité est récurrent et encore plus dans celui-ci que les autres. Mes personnages tendent vers l'ouverture, la confiance en soi et la compréhension de soi. J'évite le folklore et l'humoir folklorique. 

Une question un peu plus légère pour terminer. Quelle est votre épice préférée?
L'épice que j'aime le plus est le cumin. J'aime beaucoup le ras-el-hanout,  un mélange de curcurma de cumin, de poivre. Cela veut dire la tête du magasin. Avant à l'époque des épiceries c'était le capital du magazin. Aujourd'hui on trouve des ras-el hanout très différents. Chacun fait le sien et cela est très intéressant!

Petits chocs des civilisations, lundi 4 mars, 21h, au Centre de Congrès

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