Le casse(-noisette) du siècle

Un casse-noisette

Maison de la Danse

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Le chorégraphe estampillé hip hop Bouba Landrille Tchouda débarque avec sa version du ballet "Casse-noisette", qu’il a tout simplement intitulée "Un casse-noisette". Un spectacle élancé et coloré qui surprend autant qu’il séduit. Rencontre. Aurélien Martinez

Plus de quinze ans après ses débuts en banlieue grenobloise, Bouba Landrille Tchouda monte Casse-noisette, l’un des incontournables de l’histoire de la danse : une surprise, tant ses précédentes chorégraphies semblent éloignées de l’univers du ballet-féerie de Tchaïkovski. «Je suis arrivé à un moment de mon parcours où j’ai éprouvé le besoin de me confronter à ces œuvres qui traversent les temps sans jamais être écorchées. Et il y a eu tellement de versions que je me suis senti assez libre et tranquille d’en proposer une nouvelle». Un projet qui mûrissait en lui depuis dix ans et qu’il se sent aujourd’hui capable d’assumer. «C’est une pièce très différente dans mon parcours, c’est presque un OVNI. Toutes mes précédentes pièces sont issues de mon imagination, contrairement à celle-ci. Du coup, ce travail m’a donné envie de questionner le répertoire. Peut-être qu’un jour j’aurai envie de faire un Sacre du printemps ou un Cendrillon ! Casse-noisette m’a fait prendre conscience qu’un chorégraphe hip hop pouvait le faire».

«Pas 100 % hip hop»

Un OVNI donc, convoquant sur scène onze interprètes dans un univers coloré et magique. Là aussi le décalage est flagrant avec l’image que l’on a de Bouba Landrille Tchouda. «Mes pièces sont plutôt sombres. J’ai toujours fait à partir de ma sensibilité et je pense être quelqu’un de plutôt pessimiste. Même si j’essaie toujours de dire qu’il est possible de faire des choses ensemble, malgré tout ce que l’on veut nous faire croire». Aussi inattendu soit-il, le spectacle reste néanmoins signé de la main du chorégraphe connu et reconnu pour son parcours hip hop. «Ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est ce que j’ai à dire. Si je dois passer par la danse hip hop, je passe par la danse hip hop, mais ce n’est pas une condition. Ces dernières années, on a vu naître des confrontations entre les danses. Le terme afro-contemporain par exemple est très récent : avant, c’était soit de la danse africaine, soit de la danse contemporaine. J’avais donc envie de porter cette vision de la danse contemporaine dans Casse-noisette, en passant par toutes ces choses qui ont traversé mon parcours : le hip hop, la capoeira...  Sans qu’il n’y ait que ça. Car mon Casse-noisette n’est pas un spectacle 100% hip hop, loin de là».

«Une dimension plus rugueuse»

Son Casse-noisette est plutôt la rencontre entre un schéma narratif fort - une jeune fille reçoit comme cadeau de Noël un casse-noisette qui provoquera pendant la nuit un curieux bal des jouets - et un univers qui l’est tout autant. «Très vite, il a été important pour moi de m’éloigner du conte classique. C’est pour ça que je suis parti de la version d’Hoffmann, plus sombre que de celle d’Alexandre Dumas, qui est édulcorée et gnangnan. La version d’Hoffmann me laisse davantage d’espace pour dire ma conception des choses, de la vie – comme le fait que derrière une apparence avantageuse ne se cache pas forcément quelqu’un de bien. L’idée étant de transposer l’histoire dans notre temps, avec une dimension plus rugueuse et des personnages plus ambigus». D’où un travail important effectué sur la musique. «Celle de Casse-noisette est extrêmement chargée. C’est pour ça que j’ai fait appel à un compositeur, pour permettre d’avoir des respirations à l’intérieur de cette partition. Une partition dont je n’ai finalement utilisé que 45 minutes, en ne suivant pas forcément l’ordre pré-établi».

«Plus proche de moi»

Depuis sa création, le spectacle affiche complet partout. Bouba Landrille Tchouda, qui s’en réjouit, en est lui-même surpris. «Toutes les salles le voulaient pour les jours avant Noël !». Personne ne semble donc avoir douté de cette rencontre improbable, de nombreux partenaires nationaux l’ayant suivi sur ce coup. Et l’avenir dans tout ça ? Visiblement, ses prochains travaux seront moins pharaoniques. On le retrouvera ainsi en avril 2013 dans l’agglomération grenobloise avec Têtes d’affiche, «une pièce plus proche de ce que je porte en moi, très légère au niveau scénographique. Elle parle du besoin parfois maladif de tout faire dans la vie pour être le premier, même s’il faut écraser l’autre». Puis il enchaînera avec une création autour de la question de la violence, et proposera ensuite un solo baptisé Skin, «sur un homme qui se fait beau pour mourir» - un projet qu’il portera normalement avec un metteur en scène. Résultat, son calendrier est bouclé au moins jusqu’en 2016. Oui, 2016.

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