Anxietyville

Stalking

Théâtre des Clochards Célestes

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Sur un sujet ardu et grave, le Collectif Bis signe un spectacle épatant et débordant d’une énergie noire. "Stalking", ou comment faire du harcèlement le terreau d'un art extrêmement vivant. Nadja Pobel

Soudain, la comédienne Chloé Giraud agrandit la scène du théâtre des Clochards Célestes. Déboulant d’une fenêtre à cour, elle bondit sur le plateau au son de It’s Raining Again de Supertramp et danse, danse, danse, de manière saccadée et surexcitée. Une parenthèse libératrice dans une existence rythmée par un homme qu’elle a quitté et qui tambourine comme un fou à sa porte – là aussi, les coulisses du lieu sont utilis"es. D’emblée le ton est donné : vif mais inquiétant. De toute évidence, quelque chose dysfonctionne.

Et pour cause, le Collectif Bis a travaillé sur le phénomène du stalking, forme de harcèlement psychologique qui peut conduire à l’agression physique, voire à l'assassinat. Les artistes ne tirent toutefois jamais un théâtre documentaire ou, pire, pédagogique, de ce sujet douloureux. Il n'est d'ailleurs pas exposé tout de suite, mais se dévoile au fur et à mesure du déroulé de la pièce. C’est là toute la force de ce travail : ce sont les qualités de chacun qui donnent peu à peu du relief au thème, pas l'inverse.

Infiltration

Que voit-on ? Une attention portée à l’esthétique, tout d’abord. Du vert dans chaque costume notamment. Ça n’a l’air de rien, mais ce détail sert le propos, créant une unité entre les trois comédiens et accentuant l’atmosphère étouffante dans laquelle ils évoluent. Et puis il y a cette épatante idée de faire jouer le stalker par deux hommes qui ne se distinguent quasiment jamais, marchant dans les pas l’un de l’autre, multipliant par deux la terreur qu’ils font vivre à leur proie, leur ex-petite amie. L’idée visuelle la plus marquante réside toutefois dans le tracé au sol et à l’aide d’un simple ruban adhésif, des pièces de l’appartement de la victime. Exécuté avec précision et rapidité par les deux hommes, qui s’obligent ainsi à régler leurs déplacements au millimètre, à dompter l’espace, le procédé n'est pas sans rappeler le travail de Lars von Trier sur Dogville.

Rien d’étonnant, quand on sait que les membres de cette équipe, issus du Conservatoire, de l’ENSATT et des Beaux-Arts de Lyon et pilotés par le metteur en scène Julien Michel, ont à la fois une formation d’acteur et de technicien. Seuls bémols : que cette aire de jeu ne soit pas plus utilisée, et des intermèdes qui, en dépit de leur drôlerie, détournent un peu trop l’attention de l’incroyable tension que le collectif sait faire naître.

Stalking
Aux Clochards Célestes, jusqu’au dimanche 2 février

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

Mardi 11 février 2020 Huit acteurs, un tirage au sort, 1 677 216 possibilités : l'équipe du Collectif BIS, qui présente les trois premiers actes de Cyrano du 11 au 14 (...)

Suivez la guide !

Clubbing, expos, cinéma, humour, théâtre, danse, littérature, fripes, famille… abonne toi pour recevoir une fois par semaine les conseils sorties de la rédac’ !

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X