article publi-rédactionnels
Algérie chérie
Par Nadja Pobel
Publié Mardi 18 février 2014 - 2309 lectures
Photo : © cie Al Ajouad
End/igné
Théâtre de Vénissieux
ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement
On voit parfois au théâtre des solos fades et misérabilistes qui, ne serait-ce que par la forme, desservent leur propos ou leur intention. Loin de nous l’idée de juger une pièce aux moyens mis sur le plateau, mais force est de constater qu'il suffit souvent de quelques éléments pertinents placés sur la scène et d'une lumière correctement orientée pour que se dessine d'emblée un univers.
Dans End/Igné, un simple mur ingénieusement lardé de traits figure une morgue. Le metteur en scène Kheireddine Lardjam a imaginé ce dispositif douloureusement évocateur pour un comédien qui, dans un premier temps, interprète un gardien voyant arriver un jour le corps de son camarade Aziz, suicidé, immolé par le feu, avant d'endosser le rôle de cet ami libertaire qui a choisi d’en finir plutôt que de subir.
Dramaturge, romancier et grand reporter pour le quotidien El Watan, Mustapha Benfodil, signe un texte sensible, drôle et tragique à la fois, sur la difficulté de la jeunesse algérienne de s’inventer un avenir dans un pays coincé entre la puissance de la religion, l’économie en crise et la censure étatique. End/Igné ne verse cependant jamais dans le manifeste politique, préférant s'attarder sur le parcours de deux citoyens, ce qui les anime et les émeut, ce qui les étrangle et les unit.
Au diapason, Azeddine Bénamara joue à merveille avec les variations de sa voix, des chuchotements aux cris, et de son corps, du recroquevillement au déploiement, rendant vibrante la situation de son pays en même temps qu’il adresse un clin d’œil à Mohamed Bouazizi, dont le suicide, un jour de janvier 2011 à Sidi Bouzid, a allumé la mèche de la révolution tunisienne.
Nadja Pobel
End/Igné
Au théâtre de Vénissieux, vendredi 21 février
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