Paroles de poilus

Nous crions grâce

Théâtre de l'Iris

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

C’est sobre sans être cheap, émouvant mais pas larmoyant. Belle réussite que Nous crions grâce, pièce reprise par le metteur en scène et comédien Jérôme Sauvion huit ans après qu’il l’ait créée. Certes, en cette année qui commémore le centenaire de la Première Guerre mondiale, cette replongée dans les écrits (notamment des lettres de soldats au front) sur cette gigantesque boucherie est opportune. Reste que ces textes intemporels se doivent d'être au premier plan de ce moment du souvenir.

Partageant la scène avec Pascal Gimenez, Sauvion les donne à entendre très distinctement, sans pour autant n’en proposer qu’une lecture améliorée. Le duo les met réellement en scène, via un vrai travail sur les lumières (impérieux bleu blanc rouge qui se dessine à cour d’entrée de jeu) et la technique (une caméra filme et retransmet en fond de scène un petit train et des soldats de cartons). Loin de n'être que des gadgets, ces adjonctions renforcent avec modestie des propos où il est question de courage et d’honneur, tels ceux de cette mère dont le fils va être fusillé car il a refusé de participer à un assaut : «mort pour mort ne valait-il mieux pas dignement l’affronter ?» lui écrit-elle, en venant à envier les parents d’enfants péris au combat.

Plus triviale mais non moins juste est la description des corps entassés dans les tranchées et mangés, presque dégustés, par des rats qui pullulent et «sortent les yeux à petit coups de griffes». Sans épate, avec des mots simples et crus, les deux complices donnent chair au conflit qui fit dire à Paul Valéry : «nous autre civilisation savons désormais que nous sommes mortels».

Nadja Pobel

Nous crions grâce
Au Théâtre de l’Iris, jusqu’au samedi 12 avril

à lire aussi

derniers articles publiés sur le Petit Bulletin dans la rubrique Cinéma...

Mardi 28 mars 2023 Un nom douillet, une verve grivoise, crue, parfois joliment obscène : Doully — celle qui surnomme son public « ses p’tits culs » — passe deux fois en région ce mois-ci, nous voici ravis.
Lundi 10 octobre 2022 Le spectacle vivant est un des rares moment où l’on ne fait qu’une chose à la fois. Pour le public, du moins... Car Les Rois Vagabonds, eux, jonglent entre les disciplines durant plus d'une heure. Leur "Concerto pour deux clowns" est joué au Grand...
Lundi 5 septembre 2022 Impossible d’attaquer la saison 2022-23 sans regarder dans le rétroviseur de la saison précédente qui a permis de constater que les spectateurs ne sont pas tous revenus dans les salles et encore moins démultipliés face à l’offre exponentielle. De...
Mardi 26 avril 2022 Sur les planches ou au cinéma (Au poste, Problemos…), Marc Fraize est un artisan. Auteur, acteur, humoriste, clown tendre et jubilatoire, il porte le rire loin des standards et  de l’enchaînement de blagues surfant sur l’actualité. Son...
Mardi 12 avril 2022 Non labellisé Scènes Découvertes, mais enfin aidé par la Ville, le Théâtre de l’Uchronie, au cœur de la Guill’, défend depuis 2014 des récits imaginaires et oniriques. Les pieds beaucoup plus sur terre que satellisés.
Mardi 29 mars 2022 Dans un spectacle dérangeant et éblouissant, Alice Laloy renverse les codes du roman de Pinocchio et s’attache au moment de sa transformation. Un des grands spectacles du dernier Festival d’Avignon ; de surcroît accessible aux enfants.
Mardi 15 mars 2022 Après son premier one-man-show dans lequel le prince des potins, Tristan Lopin, nous comptait ses déboires amoureux, l’humoriste revient avec un seul en scène brut, décapant et authentique, le 1er avril, à la Bourse du Travail.
Mardi 15 mars 2022 Pas simple de restituer Pialat au théâtre tant il a éclaboussé le cinéma de son génie à diriger les acteurs. Dans ce spectacle énamouré adossé à À nos amours, Laurent Ziserman parvient à saisir l’infinie justesse qui émanait des films du...
Mardi 1 mars 2022 Avant de présenter Un Sacre aux Célestins en mai, Lorraine de Sagazan propose au Point du Jour une plus petite forme, La Vie invisible, conçue avec le même auteur Guillaume Poix. Où il est question de la perception d’une pièce par un malvoyant....

Suivez la guide !

Clubbing, expos, cinéma, humour, théâtre, danse, littérature, fripes, famille… abonne toi pour recevoir une fois par semaine les conseils sorties de la rédac’ !

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X