[Hullu] au TNG : l'acteur et son double

[Hullu]

TNG-VAISE

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Théâtre / Dans un spectacle infiniment humble, [Hullu], le Blick Théâtre livre lentement mais sûrement une réflexion sur l'Autre. Où il est question de la maladie ou peut-être de ces migrants que l'Occident ne veut pas voir. À tout le moins de la différence faite amie.

Bien sûr il y a, d'entrée de jeu, cette jeune femme coincée sur une chaise entre deux amis qui fait des gestes bizarres. Cela peut aisément évoquer ce qui est le sujet de la compagnie : l'autisme, « un monde imaginaire peuplé de petits êtres » comme ses membres l'affirment dans leurs documents de travail. Puis rapidement apparaissent des marionnettes, têtes chauves, yeux creux, un peu éberlués... Ce sont peut-être bien les migrants qui veillent, se rebiffent, existent et luttent contre des hôtes bien peu accueillants. Ils chassent même cette fille perturbée, assise sur une chaise. Elle les gêne. Ils veulent construire un mur de cartons. Et pas question de se laisser déranger par des intrus qui tenteraient de passer en douce en ôtant une fausse brique.

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L'Occidental les traque derrière des chausse-trappes et s'en croit débarrassé ? Ils débarquent dans leurs dos, à plusieurs, comme des fantômes, disparaissant dès qu'ils sont recherchés. On peut voir dans ce jeu de passe-passe une allégorie de la pensée humaine qui n'en finit plus de faire des nœuds comme en témoigne ce tour de magie où sous la tête de la marionnette se trouve une autre tête, plus petite et encore... L'effet gigogne est angoissant, stupéfiant. Les grains de sable que représentent ces marionnettes grippent la mécanique bien huilée de ceux qui ne souhaitaient pas être bousculés.

Regard percé

La compagnie du Blick Théâtre situe ce passage emblématique dans un castelet. Car il est bien dans ce spectacle question de ce lieu, le théâtre – lieu d'où l'on regarde (Blick, en allemand, signifie le regard) comme il est défini étymologiquement. Et cet effet miroir est une façon de se détacher et mieux accepter l'Autre – quelle que soit la raison de sa différence – voire soi-même. [Hullu] est la traduction de la folie en finnois, et la troupe de comédiens-circassiens interroge sans discontinuer cette notion qui ne revêt ici pas les clichés habituels.

La folie, ce serait plutôt cette utopie de vivre ensemble et avec soi sans trop de heurts. Pour cette création (de 2013) bienveillante mais jamais mielleuse, le quatuor s'est offert un décor minimal, et a réduit les codes du cirque à leur plus simple expression. Précédemment avec Court-miracles (et leur compagnie antérieure, Boustrophédon), ils exploraient la guerre à travers un camp de rescapés et un dispositif plus figuratif. Ici, toujours sans paroles, en évoquant un sujet perturbant, ils atteignent une douce quiétude à l'image de cet instant poignant de la marionnette se blottissant dans la veste de l'homme.

[Hullu]
Au TNG le samedi 14 octobre

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