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Fondre l'armure au Groenland

Le Groenland

TNP - Théâtre National Populaire

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Théâtre / En revenant à un texte de Pauline Sales déjà monté il y a dix ans, Baptiste Guiton retrouve la voix de l’épure qui avait manquée à ses précédentes créations. "Le Groenland" est un monologue prenant.

Au commencement, un souffle. Un halètement. Encore dans le noir, la narratrice est proche du suffoquement. Elle a besoin d’air. Son salut viendra de dire ce qu’elle vient de « décider sans prévenir » : partir en expédition au Groenland. Pour l’instant, elle est attentive à sa fille qui vient de trébucher et qu’elle doit relever car c’est avec elle qu’elle s’en va.

à lire aussi : Crime et sentiments

Ce récit de Pauline Sales, auteure contemporaine confirmée, co-directrice depuis 2009 d’un centre dramatique national (Vire), n’est pas celui d’une femme déséquilibrée. Plutôt d’une épouse et mère lucide qui, face à son ennui, son enfermement dans les conventions, son « envahissement », tire la plus sage des conclusions. Et tant pis si elle se heurte au manque d’argent, aux flics, au froid, à la faim, ce qui compte c’est le mouvement, fut-il synonyme d’atterrissage dans un camion frigorifique de viande qui fera office brièvement de banquise.

« Ma vie ne me ressemble pas »

Ce texte, Baptiste Guiton et la comédienne Thiphaine Rabaud Fournier l’avaient déjà travaillé à la Comédie de Saint-Étienne dont ils sont tous deux issus. À l’époque, Guiton a 21 ans et pensait cette femme malade. Il ne montre en rien cela ici. Son acolyte au plateau donne à ce personnage une colère sourde, saine presque. Elle arpente le plateau, fait valser le pianiste dont l’instrument est peu à peu, comme elle, désossé. Elle se recroqueville, parfois à hauteur de cette enfant qui n’est pas figurée, ou se lance dans des courses exaltantes.

En 1h15, elle rend à cette femme d’aujourd’hui ses contradictions et sa vaillance malgré le poids de la société. Et a même des airs de Romy Schneider dans la sublime et si noire scène du film de Zulawski, L’Important c’est d’aimer. Sobre, ce spectacle tranche avec les précédentes créations du metteur en scène (la commande jeune public Mon prof est un troll et la fresque si huilée qu’elle en était fade, Cœur d’acier sur le conflit aux usines Arcelor Mittal de Florange), membre du Cercle de formation et de transmission du TNP.

Le Groenland
Au TNP jusqu’au 14 avril

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