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Pas si sage dans le Forez…
Par Marc Chassaubene
Publié Vendredi 30 décembre 2011 - 4610 lectures
Montbrison est connu pour ses Poly’sons. Depuis 2004, la ville accueille le Festival du même nom à l’initiative du Théâtre des Pénitents. Du 13 janvier au 10 février 2012, 30 artistes vont monter sur les scènes des 4 lieux partenaires (Théâtre des Pénitents, Le Fil, la Salle du Prieuré, Théâtre de l’Iris).
Les portes paroles de la chanson française (ne pas comprendre « de la variété française ») sont invités avec un goût prononcé pour les enfants de la balle. Ceux qui mettent leur grain de sel dans les rouages de l’industrie musicale, ceux qui savent écrire un texte, ceux qui empoignent leur instrument et vous balancent de la fantaisie, de la rage ou de l’amour, bref, ceux qui vous séduiront sur scène.
Pour la première année, le Conseil Général de la Loire s’associe avec le festival afin de favoriser l’émergence d’artistes locaux et départementaux. Un concert gratuit accueillera ainsi: Barrio Populo, Diploë et Alyson B.
Rendez-vous donc à partir du 13 janvier 2012 avec Nilda Fernandez, Hubert Mounier, Brigitte, Sanseverino, Daphné, Lisa Portelli, Lussi in the sky, Alex Beaupain, Manu Galure, les Joyeux Urbains... et beaucoup d’autres !
« Service compris »
Cette formule séduisante est proposée lors de trois soirées au Théâtre des Pénitents. Par exemple, après le concert dynamité de la fringante Chloé Lacant, une collation froide vous sera offerte. Une bonne idée pour reprendre des forces avant le show déjanté du quatuor des Joyeux Urbains.
Le jeune public a aussi droit à des petites douceurs sous la forme d’un goûter lors d’une après-midi consacrée à trois artistes découvertes.
Pas facile de choisir « qui vous présenter » tant la programmation est dense et de qualité. Le festival attaque fort avec Nilda Fernandez puis Charles Baptiste en lever de rideau, et garde un rythme de haute volée avec par exemple Daniel Darc et Louis Ville le 2 février. Pour le reste, jetez un œil là-dessous !
La bouche en cœur… elles vont vous mordre
Brigitte, sans le « s », et pourtant, elles sont deux. Une brune à lunettes, tout droit sortie d’un policier des années 70, une blonde (souvent enceinte) qui semble télé transportée du festival de Woodstock, les adidas running en sus.
Brigitte, sans le « s », et pourtant, c’est aux fameuses B. Bardot, B. Fontaine, B. Lahaie, B. la voisine, que l’on doit ce patronyme emblématique et memo technique.
Brigitte, sans le « s », et pourtant, impossible de choisir un seul adjectif pour présenter ce duo de pétroleuses, glamour, chic et déluré. Un peu fleurs bleues, véritables femmes fatales, mais aussi Femme comme tout le monde, Brigitte imagine ses textes comme des comptines décalées sur le quotidien et les sentiments. Avec classe et mélodie, les deux vamps restent de vraies séductrices même déguisées en mémère ou en mécano. C’est ça qui nous plaît, l’auto dérision permanente, les clins d’œil aguicheurs, les bouches en cœurs pour dire « Et vous, tu m’aimes ? » .
Si Brigitte n’était pas Brigitte, on pourrait prendre Brigitte pour une fille facile, un peu aguicheuse et un peu nunuche avec son « Cœur chewing gum ». Et pourtant, Brigitte c’est plutôt une tigresse en robe de chambre suffisamment sûre d’elle pour mettre ouvertement les hommes à ses pieds « Faites vous la guerre pour me faire la cour…Maintenant Battez vous ». Comédiennes sur scène et dans leurs clips, Aurélie et Sylvie (leurs vrais prénoms...enfin dévoilés) poussent à l’extrême l’art du transformisme et du second degré. Avec beaucoup d’humour, le message passe et la magie opère grâce à des textes fantaisistes et féministes.
Cherchez l’erreur
Complètement folk, un peu yéyé, assurément seventies ou encore fan de disco, c’est avec du pur hip-hop (réinventé) que Brigitte fait le buzz en 2011. En effet, c’est en reprenant le célébrissime « Ma Benz » du non moins sulfureux groupe NTM qu’ Aurélie et Sylvie font parler d’elles. S’en suit une année de concerts, des apparitions régulières à la tv, et la sortie d’un album personnel et convaincant. Elles ont encanaillé « Ma Benz » de leurs voix sensuelles, prenant à contre- courant la version de NTM. Le point commun avec l’original ? C’est le côté « couillu » de ces interprètes qui, une fleur à la bouche, pourraient faire baisser la tête aux machos trop sûrs d’eux « Donnez-moi la fièvre pendant des heures, et le Suprême pour mon quatre heures.
Brigitte brouille les pistes, et ne suis aucune règle. Brigitte, c’est tout sauf un Girl Band. Brigitte, c’est beaucoup plus sexy qu’un Girl band. Mais surtout, Brigitte de la bonne musique. La preuve, le concert est déjà complet.
Billie
Autre duo, autres filles : Billie. Pour ouvrir le bal des gonzesses, place à une violoncelliste-bassiste peroxydée (Delphine) et une chanteuse assassine (Amélie). Ces princesses malicieuses et fêtardes, mixent voix et samplings pour un résultat détonnant. A la fois électro, swing, ou même cabaret, seule la voix d’ Amélie guide le spectateur au fil des ambiances.
Sanseverino
Imprévisible, entier, mais surtout musicien doué et spontané, voilà la promesse de Sanseverino en concert. Manouche jusque dans les cordes, chanteur bavard, un peu déluré, le style de Sanseverino, c’est de faire valser les registres pour privilégier la musique…libre.
Fidèle à ses racines comme à ses engagements politiques, les rythmes flamenco et l’improvisation gypsie ne sont jamais bien loin. Sanseverino, réinvente la langue française à chacun de ses albums. Chacun d’entre eux ressemble à un voyage, une expérience de vie. Et c’est en chansons que Sanseverino nous transporte dans son univers libertaire, aidé par une scénographie surprenante.
Pour les Poly’sons, le chanteur retourne à ses premières amours : micro au bord des lèvres, batterie au bout … des pieds, guitare bien en mains. Il s’accompagne de Jidé Jouannic à la contrebasse pour une soirée au plus près du public.
Alyson B.
Racée et élégante, la silhouette d’Alyson B. est bien connue des fidèles de la scène locale. Chapeau vissé sur la tête, Alyson B. ne fait jamais d’infidélités à sa guitare qu’elle préfère électrique pour une radicalité plus rock. Ce n’est pas pour autant qu’on ne retrouve pas une émotion vibrante, à fleur de peau et parfois grave quand on écoute Alyson B. En totale indépendance, Alyson B. fait figure de pionnière depuis ses débuts en 1999 avec son groupe Lack of Reason. Dans la lignée de PJ Harvey pour sa voix habitée et profonde, ou de Juliette Lewis pour l’énergie et la prestance en concert, la stéphanoise allie ses racines punk rock et la classe d’un songwriting à l’anglaise.
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