Si Ferré dans sa Préface déclare qu'un «poète ça sent des pieds», le spectateur de théâtre, sait qu'à Saint-Etienne il devra user les siens pour avoir accès à l'acte poétique. Le théâtre ça se mérite ! Il faut monter des rues et aussi se faufiler dans des ruelles. Celle abritant le Chok Théâtre et le Théâtre du Verso vous réserve une programmation semestrielle toujours aussi sociale et intimiste. Basée sur la «débrouille», la vie de ces hauts lieux stéphanois est forte d'une décennie de « théâtre de sens, d'engagement et d'interrogation » rappelle Alain Besset : «Il reste dans le théâtre cette possibilité-là de résistance. Quand il devient le théâtre de masse, c'est redoutable». La preuve au Verso avec le spectacle «Une chambre à écrire», mis en scène par Emmanuel Houzé, où l'écriture de Bertol Brecht convoque la mer pour chercher «la force du corps». Le Chok Théâtre accueille Bosse Compagnie avec le spectacle «Femme de parloir» de Duszka Maksymovicz. Michel Laforest à la mise en scène, évoque un «théâtre-témoignage» aux élans «pré-politiques» pour proposer une réflexion sur la possibilité de l'amour en prison, cela malgré l'implacabilité des rouages pénitentiaires. Un ton volontairement engagé, porté par cette «femme de parloir» (Marie Neichel) qui est la voix d'un couple où l'homme demeure muet. La femme devient cet agent double créé par des lieux autres, où la parole encore elle, doit être mise au diapason. Si la taille du barreau n'arrête pas la force du sentiment, la scène, elle, est toujours au service de l'échange avec le public. Ainsi le 9 février, vous êtes conviés à l'issue de la représentation à un débat avec le GENEPI et Radio dio. Peut-être l'occasion de proposer la fermeture des prisons ou du moins leur relative humanisation.
Grégory Bonnefont
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