Ompa Bompa c'est bon ça…

Nous avons écouté le dernier CD du groupe OMPA BOMPA, «To Our Dearly Beloved».

L’odyssée Ompa Bompa débute en 2001, avec la réunion de sept musiciens ligériens animés par le même désir de proposer une oeuvre originale : Julien Bertrand (trompette et bugle), Ludovic Murat (sax alto et soprano), Vincent Périer (sax ténor et soprano ainsi que clarinette), Franck Boyron (trombone), Emmanuel Déplaude (clavier), Christophe Garaboux (basse) et Olivier Génin (batterie). Depuis, Julien Sarazin (découvert avec No Logic) a repris la basse et le sextet en est, après Clap Mental et Duke, Jungle ?, à sa troisième création. To Our Dearly Beloved aligne pas moins de douze titres composés par Emmanuel Déplaude et un treizième signé Vincent Périer. «Le point de départ de ce nouveau répertoire, explique Emmanuel, a été la lecture du roman de Toni Morrison, Beloved, dont le récit se situe en 1870 dans les états du sud des Etats-Unis. L’écriture de Morrison se fait déjà musique par la façon dont elle tend à se placer au-delà de ce que les mots peuvent exprimer. Cependant, même si sur scène une voix off en cite certains passages, les compositions ne racontent pas le livre, ce sont plutôt des impressions de lecture !» Il nous faut donc comprendre cet album comme un ressenti traduit en musique, restituant d’une façon forcément subjective le climat particulier, la violence parfois, des temps où en Amérique l’esclavage était érigé en système. Musicalement très réussie, la nouvelle galette d’Ompa Bompa n’est jamais ennuyeuse, bien au contraire ! Le propos du roman permet au groupe de poursuivre son exploration et sa relecture toute personnelle des racines du jazz. Les mélodies nous baladent au gré de multiples influences du jazz et de la musique noire américaine (Celebration et Chained dance pour ne citer que deux titres !), tout en faisant appel à des sonorités et des rythmes parfois très actuels (Outside this place et le très-groovy-presque-électro Preach). Si les trente secondes de Rag Song sont un malicieux clin d’oeil cinématographique, on entend dans Her Chokecherry Tree des influences des années 2000, quelque part entre Avishaï Cohen et E.S.T. Les morceaux se suivent sans jamais se répéter. L’efficacité notoire de la rythmique (le tandem Sarazin-Génin semble avoir mangé du lion aux hormones!) répond à la remarquable puissance de feu des quatre cuivres, le clavier liant le tout dans une nécessaire cohésion. Avec le soutien de Périer, Déplaude confirme tout son talent pour l’écriture de thèmes riches et d’arrangements bien ficelés. A noter également la qualité du son : les oreilles d’Olivier Biffaud ont fait de l’excellent travail entre les murs du CNR de St-Etienne. Débutée en fanfare avec And They All Knew What The Sound Sounded Like, l’histoire s’achève avec le magnifique Epilogue (écoutez l’entrée des cuivres à la suite des deux minutes de la sobre intro piano solo !). On termine l’écoute de To Our Dearly Beloved comme l’on referme un bon bouquin, en se disant qu’il faudra le relire sans tarder pour être certain de n’avoir rien manqué.
Niko Rodamel

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