Grand soir et petits matins

Au mois de juin, il sera question de révolution avortée, d’enterrement burlesque, d’un retour en enfance et de la rédemption par le whisky. Curieux programme pour films en demi-teintes. Christophe Chabert

Commençons par rire un peu (ou beaucoup, ou pas du tout…). Avec Le Grand soir (6 juin), Gustave Kervern et Benoît Delépine, dont on avait aimé jusqu’ici la totalité de la filmographie (même Avida, si, si…) font leur premier faux-pas. Tout y était pourtant sur le papier : deux acteurs énormes qui n’avaient jamais partagé l’affiche (Poelvoorde et Dupontel), un sujet en or (deux frères, l’un punk, l’autre représentant en literie, rouillent dans un centre commercial et finissent par fomenter ensemble une révolution qui tourne court) et même la grammaire si particulière inventée par les deux Grolandais, ce culte du plan unique où le champ est aussi important que le hors-champ. Mais cette fois, la mayonnaise ne prend pas : l’assemblage ne déborde pas la collection de vignettes, les deux comédiens ne se font jamais oublier derrière leurs personnages et le film peine à trouver ce qu’il veut raconter. Autre cinéaste admiré, Ken Loach démontre avec La Part des anges (20 juin) à quel point il perd toute rigueur lorsqu’il tourne des comédies. C’était déjà le cas avec Looking for Eric, c’est pire ici. Le scénario de son comparse Paul Laverty est bourré de raccourcis improbables, les gags sont toujours lestés de trois répliques en trop et, surtout, le film est d’une laideur à frémir, sans aucune direction artistique ni sens de l’espace. L’odyssée de ces pieds nickelés écossais qui tentent de monter une arnaque au whisky peut certes paraître sympathique dans l’esprit ; à l’écran, on a juste l’impression de voir un Louis La Brocante.

Radieux adieux

Plus intéressant, Bruno Podalydès retourne aux racines de son cinéma avec Adieu Berthe (20 juin). Oubliés les deux Rouletabille et le très raté Bancs publics ; ici, il remet son frère Denis dans sa composition préférée, celle de l’indécis. Indécision sentimentale mais aussi, cocasserie ultime, indécision quant à savoir comment il va enterrer sa grand-mère, tellement discrète que plus personne ne s’intéressait à elle. La première demi-heure est absolument hilarante ; la suite, où Podalydès tente de faire entrer un peu de gravité, est moins convaincante, mais Adieu Berthe reste foncièrement recommandable. Pour terminer, on conseillera l’étrange deuxième film réalisé par Jean-Paul Rouve, Quand je serai petit (13 juin). Plutôt que de tomber comme ses confrères dans la comédie beauf, Rouve trace un sillon plus exigeant et difficile avec cette œuvre très personnelle où il évoque, à travers une fable lorgnant sur le fantastique, sa propre enfance et son rapport à son père (Poelvoorde, cette fois génial). Le film n’est pas sans défaut, mais il s’en dégage un flottement mélancolique raccord avec l’image de ce comédien attachant, à la fois drôle et triste.

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