Comme à chaque mois de novembre depuis sept ans, l'association Face à Face organise à Saint-Étienne un festival du film gay et lesbien qui se déroule principalement au cinéma Le France. Romain Vallet
Avec la fermeture cette année du G Club (l'unique discothèque gay de la ville) et du bar lesbien La Bohème, le milieu commercial LGBT stéphanois se résume aujourd'hui à deux bars et deux saunas. Mais n'allez surtout pas dire à Antoine Blanchard, président de l'association Face à Face et donc l'un des principaux organisateurs du festival du même nom, que toute trace de vie homosexuelle a disparu de la surface de Saint-Étienne. «Le dynamisme gay et lesbien d'une ville ne se résume pas aux bars et aux boîtes de nuit !» s'exclamera-t-il aussitôt. Et c'est vrai qu'on aurait plutôt tendance à lui donner raison au vu du travail fourni depuis sept ans par les militants de Face à Face. En 2005, Antoine, Nicolas et quelques autres lançaient le festival du film gay et lesbien de Saint-Étienne. En 2012, pour sa huitième édition, Face à Face proposera une réflexion autour du thème «censure et autocensure». Parce qu'à l'étranger la simple évocation de l'homosexualité est parfois pénalement réprimée et que chez nous aussi, de nombreux gays et lesbiennes sont contraints de taire leurs amours à leurs collègues, à leur famille, voire à leurs amis. Un sujet que connaît bien Louis-Georges Tin, avocat ardent de la dépénalisation universelle de l'homosexualité, qui donnera une conférence vendredi 23 novembre à 17h à l'Université Jean Monnet.
Films, court-métrages et récital parodique
Mais le cœur du festival, ce sont bien sûr avant tout les films : une dizaine de longs-métrages de fiction projetés en quatre jours. À cela s'ajoutera, vendredi 23 novembre à 20h, une Nuit du court-métrage (regroupant une vingtaine d'œuvres de petit format) à la Cinémathèque de Tarentaise, sans oublier, le lendemain à 20h30 à la Comédie, le spectacle de Denis d'Arcangelo, Madame Raymonde exagère. Un «récital» parodique dans lequel le comédien (le chanteur réaliste dans l'une des plus belles scènes des Nuits Fauves de Cyril Collard, c'est lui) enfile une fois de plus la robe de Madame Raymonde, truculente et gouailleuse chanteuse à texte inspirée d'Arletty pour nous parler d'amour et de vin sur un air d'accordéon. On le voit, le programme s'annonce bien rempli et il faudra parfois se résoudre à faire des choix, car deux films différents seront parfois projetés simultanément dans les deux salles du cinéma Le France. Alors, s'il faut n'en défendre qu'un seul, on conseillera aux spectateurs de se ruer sur l'excellente comédie serbe La Parade (samedi 24 novembre à 14h15), ou les tribulations hilarantes d'un ex-chef de guerre profondément homophobe, contraint par sa fiancée de prêter main forte à un couple d'homos désireux d'organiser une Gay Pride à Belgrade.
Festival Face à Face, du 22 au 25 novembre