De Catherine Corsini (Fr, 1h40) avec Clotilde Hesme, Raphaël Personnaz...
L'influence récurrente du cinéma d'Iñárritu serait-elle le signe que la fin du monde approche ? Récit choral autour d'un sans-papiers tué par un chauffard en fuite, Trois mondes commence à la façon d'un 21 grammes, par un enchevêtrement de destins croisés où tout bascule. Autant dire qu'on commence à en avoir assez de cette partition saoulante voulant réduire les choses à un découpage tragique et providentiel. Après une heure de calvaire cosmique, le film relève pourtant timidement la tête, et cette histoire de dilemme bifurque pour questionner les limites de la compassion (une femme témoin de l'accident se lie avec l'épouse du sans-papiers et celui qui l'a tué, rongé par les remords). Catherine Corsini donne alors un peu d'ambiguité à son raisonnement binaire (chacun sa classe, chacun ses raisons d'agir), et trouve en Clotilde Esme un alter ego à ses conflits intérieurs. Le film sort hébété de son humanisme torturé, et nous pas plus avancés devant un constat moral sans issue.
Jérôme Dittmar