Foxfire

Foxfire, confessions d'un gang de filles
De Laurent Cantet (Fr-Cda, 2h23) avec Michelle Nolden, Ali Liebert...

Le nouveau film de Laurent Cantet est à la fois un contrepied et un prolongement à sa Palme d’or «Entre les murs», où il montre comment, dans les années 50 aux États-Unis, un «gang de filles» se transforme en utopie collective. Passionnant. Christophe Chabert

Superficiellement, Foxfire ressemble à une réponse à la Palme d’or surprise obtenue par Laurent Cantet avec Entre les murs : un film d’époque se déroulant aux Etats-Unis dont l’intrigue nécessite un vrai parcours romanesque plutôt qu’un pur dispositif. Mais Cantet appréhende tout cela comme un territoire nouveau sur lequel il greffe les principes de mise en scène et les thèmes qui traversent son cinéma. Ainsi de la reconstitution des années 50, fondue dans l’action, jamais ostentatoire ; ainsi aussi de l’argument, où des adolescentes lassées d’être traitées comme des faire-valoir décident de fonder une société secrète, d’abord groupuscule lancé dans des missions punitives, puis communauté assurant son auto suffisance en instrumentalisant le machisme qui les entoure. L’utopie confrontée à la réalité, c’était déjà le thème d’Entre les murs, même si Cantet en donne ici une vision plus ample ; non pas un individu face à un groupe, mais un groupe face à une société.

Renardes en feu

Le film décline ce combat en trois parties : la première est portée par l’énergie juvénile de ses héroïnes, leur rébellion anarchique, sans objet et sans but, s’apparentant à un rite de passage — le tatouage qui marque leur appartenance au gang en atteste. La deuxième est celle où le combat se structure autour d’une idée positive — vivre ensemble, mutualiser ses biens — et où le groupe se trouve une figure de proue, Legs, la garçonne revenue de prison plus déterminée que jamais. C’est le cœur vif et passionnant de Foxfire : Cantet prend le temps de filmer l’euphorie puis les doutes qui s’emparent de la communauté, laissant apparaître toutes les lézardes qui vont la faire exploser : désirs amoureux —le film reste toutefois très chaste dans sa représentation de la sexualité — réflexes raciaux et tentations matérialistes. Les séquences les plus troublantes sont celles où Legs s’immiscent dans une famille bourgeoise dont elle épouse les codes pour mieux les faire voler en éclats — un baiser à la très coincée Muriel suffit pour faire vaciller l’ordre établi. La tension monte, les délits tournent aux crimes et la dernière partie paraît vouée à la tragédie. Cantet choisit pourtant, à rebours de ses œuvres précédentes, de glisser une note d’espoir au milieu du désenchantement. Cette ouverture, aussi fragile soit-elle, vient briser le renoncement qui semblait jusqu’alors être l’horizon de ses personnages. En filmant cette jeunesse idéaliste, Cantet semble avoir trouvé une forme de maturité.

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