Mardi 25 août 2020 de Haifaa Al Mansour (All.-Ar. Saou., 1h45) avec Mila Alzahrani, Nourah Al Awad, Khalid Abdulrhim…
Wadjda
De Haifaa Al Mansour (All, 1h37) avec Waad Mohammed, Reem Abdullah...
Vu d'ici, Wadjda est une pré-ado comme les autres. Converse aux pieds, elle écoute du rock anglo-saxon et cultive son esprit rebelle. Un peu garçon manqué, elle rêve d'un vélo pour faire la course avec son meilleur copain. Seul hic, elle habite Riyadh, et la question est intraitable, pas de bicyclette pour les fillettes. Pour se payer l'objet du désir, elle entreprend alors de gagner le concours de la meilleure élève coranique de son école.
Premier film saoudien tourné au Royaume, Wadjda a non seulement le culot d'être dirigé par une femme et d'affirmer son féminisme sur une terre dont on connait, un peu, les traditions, mais en plus d'être une réussite. L'effort aurait pourtant pu finir en film du mois du magazine Elle. Heureusement la finesse du regard fait ici la différence. Naviguant sur un triple récit à la fois familial, individuel et collectif, Wadjda livre un portrait de société clairvoyant.
En nuances et sensibilité, Haifaa al-Mansour ouvre les portes de la famille bigame, montrant la vie quotidienne entre mère et fille ; les règles parfois absurdes auxquelles elles doivent se soumettre ; ou comment on gagne son indépendance par l'intelligence en déjouant l'hypocrisie du dogme religieux et machiste. Le constat est précis, subversif, mais aussi aéré et drôle. Certains verront là un excès de prudence, on préfère y voir une habileté à filmer de l'intérieur. Une façon de badiner avec les mœurs pour imposer avec lucidité et élégance un désir de liberté à l'évidence universelle.
Jérôme Dittmar
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