Ciné-bouffe-foot

A mort l'arbitre !
de Jean-Pierre Mocky (1983, 1h22) avec Michel Serrault, Eddy Mitchell

La joyeuse équipe du Méliès s’offre une soirée détente — nom de code : Tout le monde il est beau — avec comme thème le foot, et comme plat de résistance le caustique À mort l’arbitre de Jean-Pierre Mocky. Christophe Chabert

Alors que l’ASSE s’offre une jolie saison en ligue 1 — et pourrait même se payer le luxe européen la saison prochaine — Le Méliès donne sa propre leçon de football ce mois-ci grâce à ses déjà cultes soirées Tout le monde il est beau. Le principe en est simple : un DJ au bar, un repas confectionné avec amour et servi en guise d’entrée, puis gros morceau en salles avec une reprise d’un film si possible poil à gratter et donnant le la du thème choisi. Après s’être offert un énorme bras d’honneur en programmant Calmos la veille de la journée de la femme, c’est avec À mort l’arbitre de Jean-Pierre Mocky qu’ils illustreront leur propre vision du football. Rires.

Cons de footeux !

Car l’ami Mocky ne porte pas les footeux dans son cœur. Au contraire. Toujours prêt à ruer dans les brancards et à brocarder les phénomènes sociétaux hystériques et la connerie ambiante, Mocky pose sa caméra dans les tribunes d’un match où une bande de supporters emmenés par un Michel Serrault génial et glaçant, avec sa trompette et son regard noir, décide de faire la peau de l’arbitre qui, à leur avis, a largement défavorisé leur équipe. L’arbitre en question est un épatant Eddy Mitchell, qui se retrouve, avec sa dulcinée Carole Laure, poursuivi de nuit par cette horde de hooligans haineux à travers des décors urbains effrayants qui rappellent ceux de Buffet froid.

En parlant de décors, et pour l’anecdote, Mocky ne s’est jamais privé de crier sa fierté d’avoir tourné au même endroit que Terry Gilliam pour Brazil, mais avant lui ! Il est bon de revoir À mort l’arbitre trente ans après sa réalisation. D’abord parce que son sujet n’a pas vraiment vieilli, le football ramenant mensuellement sa dose de faits-divers à base de supporters déchaînés ; ensuite parce qu’à l’époque, Mocky soignait à mort sa mise en scène, la rendant à la fois visuelle et nerveuse.

On a souvent dit de lui qu’il était un feignant, enchaînant les films à toute vitesse et sans grand souci de postérité artistique. C’est peut-être vrai aujourd’hui ; mais dans les années 70 et 80, peu de cinéaste français ont construit une œuvre aussi riche et personnelle, encore largement à redécouvrir.

À mort l’arbitre
Au Méliès, jeudi 18 avril à 19h30 (soirée Tout le monde il est beau) et du 22 au 23 avril.

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