Chaque année les jazzophages de tout poil, tontons swingueurs et autres chasseurs de notes bleues se posent la même question au sujet de l'affiche du Rhino Jazz(s), que ce soit au sujet du visuel (même décliné sous toutes ses formes, l'indétrônable rhinocéros n'a pas pris une ride) et bien sûr au sujet de la programmation : puisque l'on a la liste des réjouissances en exclu, voyons si le festival saura renouveler l'intérêt du public au bout de trente-cinq ans d'existence... Niko Rodamel
Excellente nouvelle, l'insatiable curiosité de ses programmateurs permettra au Rhino cette année encore de proposer une palette musicale volontairement éclectique, assurément riche et exigeante, savant dosage entre les pointures confirmées et la nouvelle génération en plein devenir.
Quelques belles têtes d'affiches se dessinent à l'horizon automnal comme le pianiste Laurent de Wilde (le 17 octobre) ou James Blood Ulmer qui partagera la nuit du blues (le 12 octobre) du haut de ses soixante et onze printemps, avec les remarquables Mountain Men (découverts aux côtés de l'harmoniciste Jean-Jacques Milteau).
La soirée du 18 octobre avec le Dirty Dozen Brass Band au NEC de Saint-Priest-en-Jarez s'annonce également des plus alléchantes. L'intercommunalité sur laquelle s'appuie le Rhino depuis toujours lui permet aussi d'adapter les univers musicaux aux lieux qui leur correspondent le mieux, l'étendue du territoire offrant autant de rendez-vous avec «des» publics qui ont tissé au fil des années une vraie fidélité avec le festival, de Dargoire à Saint-Joseph en passant par Pavezin, Sorbiers ou Villars...
Cette année le visuel annonce haut et fort la couleur : en vert et rose, le Rhino affirme avec force son implantation sur les trois départements de la Loire (Saint-Étienne, vallée du Gier et massif du Pilat), de l'Isère (en gardant à Vienne le pied posé l'an passé) mais aussi du Rhône en s'invitant dans les hauts lieux du jazz lyonnais, de l'Auditorium (où l'immense guitariste John Mc Laughlin clôturera le festival le 9 novembre), à l'Amphi-Opéra (ne ratez surtout pas le Very Big Experimental Toubifri Orchestra avec le génial et frapadingue Médéric Colignon) en passant par le Clé de Voûte (on y découvrira Smoky Joe Combo et son vintage swing à l'énergie communicative), le Périscope (avec la venue d'Alfie Ryner) ou encore le Hot Club.
Les racines africaines ne seront pas oubliées avec une belle occasion d'entendre la Malienne Fatoumata Diawara (à Firminy le 8 octobre) ainsi que Ablaye Cissoko en duo avec Volker Goetze (le 12). La programmation de jeunes pousses comme Fred Nardin ou Julien Bertrand prouve (s'il en était besoin) que les Chazalon père et fils gardent toujours un œil attentif sur un vivier régional plus que prometteur. Autre signe que le Rhino Jazz(s) n'est pas prêt de s'endormir sur ses lauriers, le festival s'investit très concrètement dans deux projets : le spectacle Sounds of Freedom avec la chanteuse Ilene Barnes (coproduction avec l'Opéra Théâtre de Saint-Etienne) qui ouvrira les festivités le 2 octobre ; le premier CD de l'étonnant duo orTie (coproduction avec le label Laborie Jazz) que l'on retrouvera au Musée d'Art Moderne le 13 octobre. A vos agendas !
Rhino Jazz(s) Festival, du 2 octobre au 9 novembre 2013