Fiat Lux

Le Gran Lux s’offre une intense «session de visionnage» en septembre et s’invite au Méliès pour fêter les 30 ans du cinéma avec quatre films «mystère» qui célèbrent la résistance des fous de pelloche face à l’invasion numérique. Christophe Chabert

Quand le CD est apparu, quelques voix s’élevèrent pour affirmer que la musique ne pouvait s’écouter que sur des galettes vinyles. On les traita d’abord de dingues, mais au fur et à mesure où la digitalisation compressait et dégradait le son, ces résistants de la platine se firent plus nombreux. Le cinéma connaîtra-t-il un mouvement du même ordre ? Alors que les salles se sont équipées massivement en projecteurs numériques, envoyant à la casse leurs anciens projos 35 mm, certains tirent déjà la sonnette d’alarme, qui concernant la conservation des DCP et leur durée de vie, qui pour montrer la froideur d’une image certes «parfaite» mais ne retrouvant pas la vibration particulière des belles copies argentiques.

Le Gran Lux fait partie de ses militants de la pellicule, et leur session de visionnage relève autant de la célébration du support que d’une politique de programmation basée sur ce qui y est inscrit. Ainsi, cette orgie cinématographique au long cours passe sans transition de la série Z (Anthropophagous de Joe D’Amato, ou «l’homme qui se mange lui-même» selon les affiches de l’époque) au classique absolu (Les Chasses du comte Zaroff, Naissance d’une nation ou le chef-d’œuvre mutilé de Von Stroheim, Les Rapaces, un des films les plus hallucinants de l’histoire du cinéma), du nanar (Virus Cannibale, merveille d’incompétence filmique tournée par le Ed Wood italien, Bruno Mattei) à la perle rare (Notre pain quotidien de King Vidor ou Le Livre noir d’Anthony Mann, sur la terreur durant la Révolution française). Le tout émaillé de courts métrages, de performances et de documentaires…

Bouc et mystères

Dans cette session en quatre parties, la deuxième se délocalisera au Méliès pour fêter avec eux les 30 ans du cinéma. Quatre soirées seront organisées avec des films mystère que les cinéphiles n’auront aucun mal à identifier, puisque le Gran Lux et Le Méliès en ont fourni de copieux résumés. On respectera donc l’anonymat des œuvres, même si, à notre connaissance, le seul film tourné en Odorama est signé John Waters, et son titre renvoie à une matière prisée par les amateurs de mode made in China.

Quoiqu’il en soit, on vous enjoint le flingue sur la tempe de ne pas rater le 24 septembre à 22h le dernier de ces films mystère. C’est un chef-d’œuvre visionnaire, une œuvre archi-politique envisageant un futur où la sécurité est devenue un business et l’insécurité un bon moyen pour assainir les quartiers chauds et les transformer en grands ensembles de bureaux. Toute ressemblance avec des événements actuels ne serait que pure coïncidence, hein ?

Session de visionnage
Au Gran Lux, du 12 septembre au 6 octobre
Au Méliès, du 18 au 24 septembre

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