De David Perrault (Fr, 1h37) avec Denis Ménochet, Jean-Pierre Martins...
Dans les années 50, reconstituées en scope noir et blanc, deux catcheurs, amis au civil, s'affrontent sur le ring : l'un porte le masque blanc du gentil et se fait appeler Le Spectre, l'autre revêt un masque noir pour jouer les méchants en tant qu'Équarisseur de Belleville. Commence alors un trouble jeu d'identités déréglées par cette représentation du bien et du mal...
David Perrault, pour son premier film, fait absolument tout pour s'éloigner des rivages du «jeune cinéma d'auteur français» : dialogues colorés à la Audiard, regard sur un Paris populaire et oublié, charge symbolique des personnages... Si filiation il y a, elle est donc à chercher du côté de Becker ou Melville, sinon des prémisses de la Nouvelle Vague.
Mais Nos héros sont morts ce soir est lesté par cette cinéphilie obséquieuse, produisant une suite de séquences sans rythme et parfois totalement ratées — la scène dans la chambre où le couple écoute du Gainsbourg, que même Honoré aurait mieux réussi — une sorte de playlist référentielle dont les titres seraient joués à la vitesse d'un 33 tours au lieu des 45 réglementaires. La sympathie qu'on éprouve pour le projet s'évapore lentement face au déroulé laborieux et soporifique de son programme.
Christophe Chabert