«Ne pas mélanger la réalité et le cinéma»

Heimat - Chronique d'un rêve
D'Edgar Reitz (All, 1h47) avec Jan Dieter Schneider, Antonia Bill...

Edgar Reitz commente ce quatrième volet de sa saga Heimat. Propos recueillis par Christophe Chabert

Contexte

«C’est un fait historique : entre 1830 et 1850, en Allemagne, il y a d’un côté une petite révolution, de l’autre 4 millions de personnes qui ont quitté le pays. De nombreux villages ont disparu, ils ont été récupérés par la nature mais les noms sont restés. Dans le film, j’ai choisi de reconstituer un de ces villages disparus, mais j’ai choisi un nom de fiction, car j’ai eu besoin de cette liberté.»

Couleurs et noir et blanc

«C’est un film en noir et blanc, car j’adopte le précepte de Truffaut : la réalité doit être différente sur l’écran. Le noir et blanc est une transformation de la réalité, et il ne faut pas mélanger la réalité et le cinéma, ce n’est pas la même chose. Mais, dans quelques séquences, le noir et blanc ne me suffit plus. Pour le drapeau, j’ai besoin de la couleur, car je raconte une histoire importante pour les Allemands ; si je raconte l’histoire du passage des saisons, il me faut les couleurs des cerises. Il y a aussi des moments émotionnels : pour le fer à cheval, j’ai besoin de faire sentir la chaleur, j’ai besoin de montrer le feu. C’est l’énergie de la nature qui travaille. Aujourd’hui, nous avons des caméras numériques et, pour elles, le noir et blanc n’existe pas, c’est la post-production qui le crée. Pendant le tournage, nous n’avons jamais vu les images définitives. Mais dans les données enregistrées, il y a l’information des couleurs, donc il suffit de créer un masque pour les faire ressortir. J’avais essayé dans les premiers Heimat de mélanger le noir et blanc et la couleur, mais je n’étais jamais satisfait. Je trouve extraordinaires les capacités du numérique.»

Epique

«Heimat relève d’une narration épique. Quand on fait une œuvre aussi longue, il faut en passer par cette narration épique. C’est quelque chose que l’on retrouve dans les séries américaines contemporaines, mais c’est déjà le principe de L’Odyssée d’Homère. J’y fais d’ailleurs référence explicitement dans le film. Dans L’Odyssée, quand Ulysse rentre chez lui, la première chose qu’il fait, c’est s’adosser à un arbre qui se trouve au milieu de sa maison. J’ai fait la même chose : quand Gustav revient chez lui, il s’endort contre un poteau en bois en plein milieu du salon !»

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