Il était temps

Il était temps
De Richard Curtis (ÉU, 2h03) avec Domhnall Gleeson, Rachel McAdams...

Richard Curtis, le maître de la comédie romantique anglaise, réussit un parfait film en trompe-l’œil ; derrière l’humour, la romance et le concept du voyage dans le temps, "Il était temps" est une méditation touchante sur la transmission entre les pères et les fils. Christophe Chabert

Pendant la première heure d’Il était temps, tout paraît un peu trop clair au spectateur : Tim, post-ado roux et maladroit avec les filles, arrivé de son Sussex tempétueux vers la très branchée city londonienne, se voit offrir un don extraordinaire, celui de voyager dans le temps. Il peut ainsi rectifier ses erreurs en recommençant autant qu’il le veut les moments décisifs de son existence.

Richard Curtis, à qui l’on doit Love actually et les scénarios de Notting Hill et Cheval de guerre, fait ainsi se rencontrer le genre dans lequel il excelle, la comédie romantique, et une veine plus conceptuelle, rappelant celle d’Un jour sans fin. Que l’affaire soit très bien écrite, avec des seconds rôles pittoresques et un excellent couple d’acteurs principaux — le peu connu Domnhall Gleeson et la fameuse Rachel MacAdams — relève de l’évidence, et on se demande si l’ami Curtis ne déroule pas un peu trop tranquillement un savoir-faire désormais rodé.

Tempus fugit

Cette habileté a pourtant quelque chose de paradoxal. Ainsi, l’histoire d’amour se concrétise avec une étonnante facilité, sans drame ni heurt. Le couple s’installe et la possibilité d’une infidélité est à son tour évacuée fissa d’un récit au cours tranquille, comme une chronique amusée des jours heureux. Même le concept du voyage dans le temps paraît sous-utilisé par le script, vite digéré et seulement amendé par quelques règles additionnelles.

C’est en fait là que tout se joue : le don de Tim lui a été transmis par son père à ses 21 ans, comme ce fut le cas pour tous les enfants mâles de la famille. Ce qui importe n’est pas tant ce qu’il en fait que l’acte de transmission lui-même, établissant un lien secret et évolutif entre le père et le fils. Or, ce lien est fragile et le temps, malgré tout, passe : le fils devient père, et c’est pour lui l’occasion de faire un bilan de son expérience, avant de la transmettre à son tour.

Il était temps s’engage alors dans un mélodrame bouleversant, qui interroge la construction même de son héros, entre héritage et liberté. C’est toute la beauté du film que de dire des choses très profondes et douloureuses sur la paternité en les enfouissant derrière la grâce légère propre au cinéma de Richard Curtis.

Il était temps
De Richard Curtis (Ang, 2h03) avec Domnhall Gleeson, Rachel MacAdams, Bill Nighy…

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