Rares les dimanches matins, où l'on peut ouvrir les yeux en se purifiant l'âme à la source de vie qu'est Jean Sébastien ! Plus rare encore, que le Concerto pour clavier en ré mineur BWV 1052, nous tire de nos voyages oniriques. Comme un prolongement naturel du dialogue avec les étoiles. Trop rare et modeste également, le grand monsieur du clavecin, Martial Morand, à qui le premier mouvement du concerto évoque «Les Esclaves de Michel-Ange, dont la beauté et la force sont déjà triomphantes. L'orchestre ne se cantonne pas à l'accompagnement du clavecin. Orchestre et soliste avancent farouchement vers un objectif commun. C'est un privilège d'entrer dans ce jeu, avec un orchestre d'excellents musiciens - le Sylf -, qui sont aussi de chaleureux amis !» dit-il. En effet, comment ne pas évoquer l'état d'anxiété atypique dans lequel Bach nous plonge ? Est-ce l'empreinte d'un lointain violon pour lequel il aurait été initialement écrit ou l'introduction d'une glaciale Saint Jean ? Pour Martial, «la partie de clavecin, dans le deuxième mouvement, semble improvisée. Bach est inspiré sans jamais recourir à des ficelles de compositeur. Le dernier mouvement est un feu qui réchauffe, une énergie venue des profondeurs !». Vivaldi et Corelli seront invités à ces mâtines de onze heures, et le public partagera avec les musiciens son repas dominical, bien mérité après une telle secousse tellurique ! Alain Koenig
La Petite saison du SyLF, en la chapelle du CHU la Charité, le 15 décembre à 11h