De et avec Valérie Lemercier (Fr, 1h38) avec Gilles Lellouche, Marina Foïs...
Un drôle de désir semble avoir guidé Valérie Lemercier pour son quatrième film en tant qu'actrice-réalisatrice... S'approprier un fait-divers glauque où une mère adoptive décide de rendre son fils après quelques mois «d'essai» ; faire le portrait acide d'une bourgeoisie étranglée entre bonne et mauvaise conscience ; mais aussi s'écrire un personnage détestable dont la caméra, toutefois, ne se détache jamais, exercice narcissique très curieux et, à l'image du film tout entier, plutôt déplaisant.
Car si Lemercier a un vrai talent pour écrire des dialogues de comédie qui claquent, et si elle sait les mettre dans la bouche de comédiens ravis de s'amuser avec cette musique virtuose, le scénario de 100% Cachemire n'a pas de centre, sinon une misanthropie qui s'exerce aveuglément sur les riches et les pauvres, les premiers très cons, les seconds très cons et très moches.
Il y avait pourtant une idée magnifique, hélas laissée en jachère : cet enfant russe muet et impavide, mur indéchiffrable sur lequel les émotions des adultes alentour ricochent ou se fracassent. Mais la mise en scène semble fuir ce trou noir émotionnel, préférant se réfugier dans la peinture sarcastique et assez vaine d'un monde qui, à l'image d'une fin ratée et absurde, cherche à se rassurer à bon compte.
Avec des présupposés finalement très proches, Alex van Warmerdam a démontré dans son récent Borgman qu'on pouvait pourtant réussir la comédie noire et inquiète que Lemercier ne fait que caresser de très loin.
Christophe Chabert