Arrête ou je continue

Arrête ou je continue

De Sophie Fillières (Fr, 1h42) avec Emmanuelle Devos, Mathieu Amalric...

Un chat, un chat hérissait déjà le poil ; Arrête ou je continue donne sérieusement envie d'en finir avec le cinéma de Sophie Fillières, désormais pris au piège de son autarcie, comme coupé de la réalité — du monde comme du cinéma d'aujourd'hui. Pour raconter la peur du temps qui passe chez une quadragénaire qui voit ses enfants grandir, son corps lui échapper et l'amour pour son mari s'éroder, elle en passe par des situations où seule l'intention de la scène compte, jamais sa mise en forme à l'écran.

Dialogues signifiants et surécrits — à côté, ceux des Larrieu paraissent naturalistes — direction artistique proche de zéro — murs blancs, accessoires choisis au supermarché du coin — figurants livrés à eux-mêmes — la scène de la fête atteint des sommets en la matière — et absence hallucinante de rythme ; tout concourt à une grande caricature d'auteurisme à la française, à la fois arrogant et pauvre, où l'on ne voit ni les personnages, ni l'histoire, juste Fillières riant toute seule de ses piètres trouvailles — elle s'appelle Pomme, il s'appelle Pierre, voilà. La longue errance dans la forêt résume assez bien ce que le film est : une petite machine cérébrale qui tourne en rond à l'abri des regards, en espérant trouver une vérité sur lui-même. De ce détour-là, il ne ramène qu'un grand vide, dont même les comédiens ont du mal à s'extirper.

Christophe Chabert

à lire aussi

vous serez sans doute intéressé par...

Mardi 7 septembre 2021 Un analyste opiniâtre du BEA ayant découvert que les enregistrements d’un crash aérien ont été truqués, se trouve confronté à l’hostilité générale… Yann Gozlan creuse le sillon du thriller politique, lorgnant ici le versant techno-paranoïde et...
Mercredi 26 septembre 2018 Chronique de l’existence d’un travailleur sénégalais entre sa famille restée au pays et son parcours en France, Amin marque le retour d’un Philippe Faucon comme “dardennisé“ après le triomphe de Fatima dans une tranche de vie élargie à l’entourage...
Lundi 16 octobre 2017 Jusqu’où doit aller une femme pour conquérir un fauteuil de PDG ? Forcément plus loin que les hommes, puisqu’elle doit contourner les chausse-trapes que ceux-ci lui tendent. Illustration d’un combat tristement ordinaire par une Tonie Marshall au...
Mardi 5 mai 2015 Conçu comme un prequel à "Comment je me suis disputé", le nouveau et magistral film d’Arnaud Desplechin est beaucoup plus que ça : un regard rétrospectif sur son œuvre dopé par une énergie juvénile et rock’n’roll, un souffle romanesque et des...
Mardi 25 février 2014 Wes Anderson transporte son cinéma dans l’Europe des années 30 pour un hommage à Stefan Zweig déguisé en comédie euphorique. Un chef-d’œuvre génialement orchestré, aussi allègre qu’empreint d’une sourde inquiétude. Christophe Chabert
Lundi 13 janvier 2014 Derrière une intrigue de polar conduite avec nonchalance et un manque revendiqué de rigueur, les frères Larrieu offrent une nouvelle variation autour de l’amour fou et du désir compulsif. Si tant est qu’on en accepte les règles, le jeu se révèle...
Mardi 1 octobre 2013 D’Isabelle Czajka (Fr, 1h33) avec Emmanuelle Devos, Julie Ferrier, Natacha Régnier…
Mardi 9 avril 2013 Brève rencontre entre une comédienne de théâtre et un Anglais endeuillé, un 21 juin à Paris : un petit film charmant et très français de Jérôme Bonnell, sans fausse note mais sans élan non plus. Christophe Chabert

restez informés !

entrez votre adresse mail pour vous abonner à la newsletter

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X