De Neil Burger (ÉU, 2h19) avec Shailene Woodley, Theo James, Kate Winslet...
Comme le premier Hunger games, Divergente se présente comme un blockbuster qui expliquerait le marxisme et la lutte des classes aux adolescents. Dans un futur proche après une guerre dont on ne connaît ni l'ampleur, ni le motif, Chicago, coupé du reste des États-Unis, a instauré la paix en divisant ses citoyens en cinq castes, le pouvoir étant délégué aux «altruistes», la police aux «audacieux», la science aux «érudits»... Leurs enfants doivent passer un test pour déterminer s'ils resteront dans leur clan ou pourront en incorporer un autre. Mais Beatrice, fille de dignitaires altruistes, est une «divergente», c'est-à-dire qu'elle possède les aptitudes pour les intégrer tous.
Le scénario lui fait faire un choix incompréhensible et surtout plombant pour sa portée politique : elle quitte les progressistes pour aller chez les fachos virils. C'est évidemment pour assurer le quota d'action à l'intérieur d'un film calibré et propret, qui se tient en fait entre la série B inventive et la boursouflure numérique ; il manque un cinéaste derrière la caméra pour faire décoller l'ensemble, assurer un minimum de direction artistique — le repère des «audacieux», avec ses pierres en crépi, est une mocheté indigne — et valoriser pleinement l'atout majeur de Divergente : son actrice, Shailene Woodley, qui se métamorphose physiquement en cours de film tout en gardant une singularité au milieu de ces jeunes gens échappés d'une pub pour parfums.
Il faut néanmoins reconnaître l'étrangeté du projet — appelé à devenir, bien entendu, une trilogie — qui commue la révolte adolescente en révolution sociale — mais pas sexuelle, comme l'indique un passage d'un puritanisme hallucinant où une des plus grandes peurs de l'héroïne est de coucher avec son nouvel amoureux !
Christophe Chabert